Le procureur général de la Cour pénale internationale (CPI), Karim Khan, a annoncé son intention de publier dans le courant de l'année un document d'orientation sur la manière dont le Statut de Rome, dans sa version actuelle, pourrait traiter les crimes contre l'environnement (c'est-à-dire sans crime d'écocide).

Stop Ecocide International souhaite souligner le soutien existant à l'ajout de l'écocide dans le Statut de Rome en tant que 5ème crime international, aux côtés du génocide, des crimes contre l'humanité, des crimes de guerre et du crime d'agression.

Vous trouverez ci-dessous un ensemble de réponses à la consultation publique du Bureau du Procureur de la part des principales parties prenantes.

  • Si Stop Ecocide International se félicite de l'intention exprimée par le procureur de la CPI, Karim Khan, de formuler un document d'orientation sur la meilleure utilisation possible des dispositions existantes du Statut de Rome pour mieux traiter les crimes contre l'environnement, le Statut, en l'état, est fondamentalement inadapté pour traiter l'ensemble des actes menaçant gravement la nature et le climat en temps de paix comme en temps de conflit (qu'ils impliquent ou non des dommages directs à l'homme).

  • Introduction

    Stop Ecocide International (SEI) a accueilli favorablement la récente déclaration du Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale annonçant une consultation publique sur la manière dont la Cour peut utiliser les dispositions existantes du Statut de Rome pour mieux traiter les atteintes à l'environnement. Alors que la destruction de l'environnement et le changement climatique constituent des menaces de plus en plus graves pour notre monde, de plus en plus reconnues par le droit international, la déclaration du Bureau du Procureur arrive à point nommé et est la bienvenue.

    Une protection efficace de l'environnement nécessite une coopération entre les tribunaux nationaux, régionaux et internationaux afin de faire respecter les normes susceptibles de dissuader les atteintes les plus graves à la nature. La Cour pénale internationale est bien placée pour jouer un rôle clé à cet égard, car elle dispose déjà d'éléments très pertinents pour traiter les atteintes graves à l'environnement (importance du témoignage des victimes, approche réparatrice de la justice et vastes réseaux d'experts sur lesquels s'appuyer).

    Le statut de Rome énumère actuellement quatre crimes : le génocide, les crimes contre l'humanité, les crimes de guerre et le crime d'agression. La destruction de l'environnement - souvent grave, généralisée et/ou à long terme - est une composante courante, voire essentielle, des conflits armés¹. Cependant, il existe également de nombreux exemples de manipulation intentionnelle de l'environnement par les parties belligérantes, l'environnement devenant alors une arme de guerre. Cette dévastation est souvent excusée par la nécessité militaire, ce qui ne serait pas le cas si les victimes étaient humaines.  

    Parallèlement, la criminalité environnementale en dehors du contexte de la guerre est déjà une industrie aussi lucrative que le trafic de stupéfiants, mais il ne s'agit pas seulement de flux financiers illicites. Il est de plus en plus reconnu que la destruction grave de l'environnement, dont les conséquences peuvent s'étendre à plusieurs espèces et générations, constitue une menace extrêmement sérieuse pour la paix et la sécurité de l'humanité. Les atteintes à l'environnement jouent également un rôle clé et sous-estimé dans la crise climatique, posant des problèmes de gouvernance complexes et nécessitant des outils efficaces pour garantir des protections applicables aux personnes et à la nature.  

    Cependant, dans le contexte d'une tendance multi-juridictionnelle de lois environnementales mal appliquées, le traitement insouciant de l'environnement dans le cadre d'activités économiques militaires et en temps de paix continue de bénéficier de l'impunité.

    Stop Ecocide International se félicite de l'intention exprimée par le Procureur de la CPI, Karim Khan, de formuler un document d'orientation sur la meilleure utilisation des dispositions existantes du Statut de Rome à cet égard, mais nous soulignons que le Statut, dans sa forme actuelle, est fondamentalement inadéquat pour traiter l'ensemble des actes qui menacent gravement la nature et le climat en temps de paix comme en temps de conflit (qu'ils impliquent ou non des dommages directs à l'homme).

    Nous soulignons deux arguments clés avant d'indiquer comment la reconnaissance de l'écocide pourrait utilement combler les lacunes qui en résultent :

    1) Le Statut de Rome couvre principalement les dommages ayant un impact direct sur les personnes et les biens ;

    2) Lorsque le Statut traite explicitement des atteintes à l'environnement, ce n'est qu'en temps de guerre et avec un seuil exceptionnellement élevé.

    Nous soulignons que si les atteintes à l'environnement causent généralement des dommages à l'homme, l'exigence d'un dommage à l'homme comme condition pour que les éléments environnementaux des crimes soient pris en considération limite considérablement leur applicabilité, tant pour la protection de l'environnement que pour la protection de l'homme. En effet, des dommages très importants peuvent être causés à des éléments de l'environnement sans causer de dommages immédiats à l'homme, mais avec d'horribles effets à long terme qui seront très néfastes pour les populations locales, régionales ou même mondiales de multiples espèces, y compris l'homme, constituant ainsi des crimes extrêmement préoccupants pour l'ensemble de la communauté internationale.

    Nous soulignons en outre que la disposition existante du Statut de Rome sur les crimes contre l'environnement dans le contexte de la guerre a des seuils trop élevés et est donc inopérante. Il est bien entendu que l'article 8, paragraphe 2, point b) iv), ne constitue pas un moyen de dissuasion efficace, puisqu'il ne s'applique que dans le contexte de décisions prises par des dirigeants dans le cadre d'un conflit armé international :

    A.8(2)(b)(iv) : Lancer intentionnellement une attaque en sachant qu'elle causera incidemment des pertes en vies humaines, des blessures aux personnes civiles ou des dommages aux biens de caractère civil, ou des dommages étendus, durables et graves à l'environnement naturel qui seraient manifestement excessifs par rapport à l'ensemble de l'avantage militaire concret et direct attendu.

    Cette disposition exige une attaque en sachant que l'attaque causera le dommage requis. Les seuils ne sont donc pas définis et il est très difficile de prouver qu'une personne savait que ses actions causeraient certainement un tel dommage. Même si ce seuil est atteint, il faut encore trouver un équilibre : le dommage doit être manifestement excessif par rapport à l'avantage militaire escompté. Il n'y a pas d'accord fixe sur ce qu'est un dommage excessif dans ce contexte, et une telle évaluation semble renvoyer au point de vue de l'auteur de l'acte. Selon les normes et les attitudes internationales actuelles, les dommages causés à l'environnement sont généralement considérés comme secondaires par rapport aux avantages militaires. Il en résulte que cette disposition, qui n'a en fait jamais été utilisée, constitue une norme juridique excessivement élevée et est donc inapplicable dans la pratique.  

    L'écocide comme cinquième crime dans le Statut de Rome

    Un crime visant à protéger l'environnement en temps de paix comme en temps de conflit est d'une importance fondamentale, non seulement pour combler les lacunes du droit existant, mais aussi pour promouvoir un changement de mentalité dans les deux contextes afin de refléter une compréhension de la gravité du danger posé par les atteintes graves à l'environnement.

    Une tendance législative positive indique que la reconnaissance de l'écocide en tant que crime grave est de mieux en mieux accueillie par les États. L'inclusion d'un tel crime dans le Statut de Rome permettrait d'assurer la protection de l'environnement dans les tribunaux nationaux, régionaux et internationaux conformément au principe de complémentarité, en garantissant à la fois une action coopérative sur les menaces qui pèsent sur le climat et des paramètres applicables pour empêcher l'impunité des actes les plus graves commis contre la nature, sur terre et dans l'espace extra-atmosphérique. Par conséquent, sur le plan de la procédure comme sur le fond, l'écocide se prête bien à une inclusion dans le Statut, renforçant ainsi le rôle complémentaire de la Cour tel qu'il a été conçu à l'origine.

    Comme les autres crimes du Statut de Rome, le droit relatif à l'écocide a une histoire solide². Ce crime a fait l'objet de nombreuses propositions universitaires, législatives⁴ et internationales⁵, et a même été inclus dans les premières versions du Statut. Il bénéficie d'un large soutien dans de nombreux secteurs et juridictions et présente un intérêt pour toute une série de questions juridiques, politiques, sociales, culturelles et économiques qui se recoupent au sein de la communauté internationale.

    La définition de l'écocide qui fait le plus autorité, s'appuyant sur le droit international existant⁶, définit le crime comme "des actes illicites ou arbitraires commis en connaissance de la réelle probabilité que ces actes causent à l’environnement des dommages graves qui soient étendus ou durables."⁷.

    Cette définition, proposée en juin 2021 par un groupe d'experts indépendants convoqué par notre fondation caritative, s'appuie explicitement sur le cadre réglementant l'écocide militaire, y compris le Statut de Rome lui-même, comme indiqué plus haut. Empruntant, entre autres, à ENMOD et au Protocole 1 de la Convention de Genève ainsi qu'au Statut de Rome lui-même, pour constituer un crime d'écocide selon le texte du PEI, l'impact ou les impacts doivent être "graves et soit étendus, soit à long terme" : étendu étant défini comme "un dommage qui s'étend au-delà d'une zone géographique limitée, franchit les frontières d'un État ou est subi par un écosystème ou une espèce tout entier ou par un grand nombre d'êtres humains" ; à long terme comme "un dommage irréversible ou qui ne peut être réparé par un processus de régénération naturelle dans un délai raisonnable" ; et grave comme "des changements, perturbations ou dommages très sérieux affectant tout élément de l'environnement, y compris des impacts graves sur la vie humaine ou les ressources naturelles, culturelles ou économiques"⁸. En tout état de cause, la "connaissance d'une probabilité substantielle" sera satisfaite lorsqu'il est évident que le dommage risque d'être irréversible et d'avoir des effets à long terme, ou qu'il n'est pas possible d'y remédier dans un délai raisonnable. Le deuxième seuil fixé dans le texte, à savoir que ces actions ou omissions doivent être "illicites ou délibérées", garantit que les actions légitimes causant des dommages à l'environnement, par exemple dans le cadre du développement, ne sont pas criminalisées, à moins que les dommages causés ne soient d'une gravité disproportionnée.

    Cette définition de l'infraction apparaît systématiquement comme la plus fiable et la plus solide sur le plan juridique, capable de rendre compte, sur le plan matériel et procédural, de la réalité⁹, c'est-à-dire de l'éventail des atteintes graves à l'environnement et des violations des droits de l'homme et de l'environnement qui en découlent. La définition s'avère capable de bien refléter d'autres lois et principes environnementaux relevant des systèmes juridiques de common law et de droit civil¹⁰ ; elle offre également une véritable opportunité de collaboration internationale en matière de réglementation des dommages causés à l'environnement¹¹. 

    Il a été noté que les problèmes environnementaux sont (1) complexes, impliquant des réseaux denses et complexes de causalité physique, biologique et sociale ; (2) techniques : leur compréhension exige souvent un haut degré de sophistication scientifique et/ou sociale, et (3) entourés d'incertitude : dans de nombreux cas, il peut être impossible de prédire les résultats de manière complète et fiable¹². Par conséquent, la division sectorielle actuelle des infractions environnementales dans de nombreuses juridictions ainsi qu'au niveau international ne reflète pas la complexité des interrelations. En raison de la fragmentation substantielle, procédurale et réglementaire, une grande partie des interactions environnementales nuisibles échappe aux lois qui sont censées les empêcher. Les implications persistantes et profondes de la crise environnementale et climatique ne font que confirmer ce constat : les lois environnementales existantes sont manifestement inadaptées à l'ampleur et à la nature de la menace.  

    Il est donc essentiel de proposer des mesures juridiques globales et inclusives qui puissent s'appliquer à une variété d'acteurs et de contextes environnementaux. Ces mesures doivent éviter le risque d'être dépassées : elles doivent garantir que la dissuasion et la prévention des pires atteintes à l'environnement continueront d'être justiciables et applicables à l'avenir. Le texte du PEI y parvient en mettant l'accent sur la gravité des résultats plutôt que sur l'interdiction de comportements spécifiques. Ceci est d'une importance cruciale pour que le droit pénal international reste pertinent pour la sécurité de l'humanité dans un monde de conflits permanents, de progrès technologiques rapides et de la menace globale que représente l'effondrement écologique.

    Enfin, pour garantir que tous les aspects de l'environnement, y compris ses liens et ses interconnexions, soient inclus, le texte du PEI définit l'"environnement" sur la base de la science du système terrestre, fondée sur les cinq principales sphères de la terre (biosphère, cryosphère, lithosphère, hydrosphère et atmosphère)¹³.

    La nature qualitative de la définition garantit que toutes les actions, qu'elles soient commises intentionnellement ou au mépris des conséquences, de nature à exposer directement ou indirectement l'environnement dans ses différentes composantes à un risque immédiat de dégénérescence substantielle, mettant en danger la sécurité de la planète et la survie de l'humanité, entrent dans le champ d'application de l'infraction.

    Au cours de l'AEP de décembre 2019, Vanuatu a proposé que tous les États membres envisagent sérieusement l'adoption de l'écocide comme cinquième crime contre la paix dans le Statut de Rome. Depuis lors, le sujet de la loi sur l'écocide a gagné en traction dans le monde entier, avec des discussions maintenant enregistrées publiquement au niveau parlementaire et/ou gouvernemental dans des dizaines de pays. Le code pénal récemment adopté par la Belgique reconnaît l'écocide comme un crime national (fédéral) et international, sa rédaction s'inspirant de la définition du PEI¹⁴. L'Union interparlementaire¹⁵ a soutenu la reconnaissance de l'écocide dans le statut de Rome, tout comme le Parlement européen¹⁶, le Conseil de l'Europe¹⁷ et l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe¹⁸. Les réseaux de jeunesse¹⁹, de foi²⁰ et d'investissement²¹ l'ont également recommandé.

    L'écocide - en substance sinon en nom - a été inclus dans les premières versions du Statut de Rome. Il convient de réfléchir de manière critique à ce qui aurait pu être différent dans notre monde actuel - les multiples catastrophes dues à la pollution, l'exacerbation du changement climatique et les menaces pour la biodiversité qui auraient pu être évitées - si l'écocide avait été inclus dans le traité final signé en 1998. Nous considérons cette consultation publique comme une occasion en or pour le Bureau du Procureur de : reconnaître le besoin et l'exigence de reconnaissance de l'écocide dans le droit pénal international ; reconnaître la gravité des crimes environnementaux, la mesure dans laquelle ils menacent la paix, la sécurité et le bien-être du monde ; et recommander la négociation d'un cinquième crime international d'écocide, créant des protections environnementales exécutoires pour les personnes et la nature, sur terre et dans l'espace, pour les générations actuelles et futures.

  • ¹ Il a également été noté que le risque de conflit armé est accru par la dégradation de l'environnement. Par exemple, en 2016, l'Assemblée des Nations unies pour l'environnement a adopté la résolution UNEP/EA.2/Res.15, qui reconnaît "le rôle des écosystèmes sains et des ressources gérées de manière durable dans la réduction du risque de conflit armé", considérant comme établie et explicite la relation entre les écosystèmes endommagés et les conflits armés.  

    ² Considérez la déclaration suivante du Premier ministre Olof Palme lors de la réunion plénière (Conférence des Nations Unies sur l'environnement, Stockholm (1972)) : " L'air que nous respirons n'est pas la propriété d'une seule nation - nous le partageons. Les grands océans ne sont pas divisés par des frontières nationales - ils sont notre propriété commune. .... Dans le domaine de l'environnement humain, il n'y a pas d'avenir individuel, ni pour les hommes ni pour les nations. Notre avenir est commun. Nous devons le partager ensemble. Nous devons le façonner ensemble...

    ³ N. Ruhashyankiko, "Study of the Question of the Prevention and Punishment of the Crime of Genocide" (31e session de la sous-commission de la lutte contre les mesures discriminatoires et de la protection des minorités, UN Doc E/CN.4/Sub.2/416 (1978).

    ⁴ https://www.stop-ecocide.fr/etats-dirigeants

    ⁵ C. Bassiouni, ‘The History of the Draft Code of Crimes Against the Peace and Security of Mankind”, Israel Law Review, Vol. 27, No. 1-2 (1993).

    ⁶ Convention des Nations unies sur l'interdiction d'utiliser des techniques de modification de l'environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles ("Convention ENMOD"), 1108 UNTS 151 (1976), Convention de Genève, Protocole additionnel I relatif à la protection des victimes des conflits armés internationaux, 6 U.S.T. 3316, 75 U.N.T.S. 135 (1949), articles 35 et 55, Statut de Rome (1998), article 8.2.b.iv.

    ⁷ Independent Expert Panel for the Legal Definition of Ecocide (2021); see https://ecocidelaw.com/definition/#definition

    ⁸Ibid, Commentaire.

    ⁹ Il est implicitement considéré ici que, par contraste, les lois environnementales existantes (nationales, régionales et internationales) sont actuellement inadéquates et souvent mal appliquées.

    ¹⁰ La définition du PEI contient des éléments des deux systèmes juridiques. Tant que certains critères de définition sont respectés dans la pratique, la loi sur les écocides peut être adaptée aux exigences structurelles des deux systèmes.

    ¹¹ Il est également implicitement considéré qu'une action collective efficace en matière de protection de l'environnement nécessite une coopération transfrontalière.

    ¹² W.F. Lafferty, J. Meadowcroft, ‘Democracy and the environment: congruence and conflict – preliminary reflections’ in: Lafferty, W.M., Meadowcroft, J. (eds.), ‘Democracy and the Environment, Problems and Prospects’,’, Edward Elgar, Cheltenham/Brookfield, (1996), p.4.

    ¹³ mmentaire du PEI ; C. Voigt, 'Ecocide as an international crime : Personal reflections on options and choices', EJIL:Talk !, (2021), disponible à l'adresse : https://www.ejiltalk.org/ecocide-as-an-international-crime- personal-reflections-on-options-and- choices/#:~:text=The%20architectural%20choice%20fell%20there,our%20current%20state%2 0of%20knowledge (dernier accès le 03/02/23).

    ¹⁴ https://www.stop-ecocide.fr/communiques-de-presse-sommaire/la-belgique-devient-le-premier-pays-europen-reconnatre-lcocide-comme-un-crime-de-niveau-international

    ¹⁵ https://www.stop-ecocide.fr/communiques-de-presse-sommaire/menes-par-la-belgique-les-parlementaires-du-monde-entier-soutiennent-la-loi-sur-lecocide

    ¹⁶ https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/TA-9-2022-0041_EN.html

    ¹⁷ Assemblée parlementaire, "Le Conseil de l'Europe devrait prendre l'initiative de prévenir les dommages environnementaux pendant les conflits armés", (2023), (en ligne), disponible à l'adresse : https://pace.coe.int/en/news/8959/the-council-of-europe-should-take-the-lead-on-preventing- environmental-damage-during-armed-conflict

    ¹⁸ https://www.stop-ecocide.fr/communiques-de-presse-sommaire/la-plus-grande-organisation-intergouvernementale-mondiale-appelle-instaurer-un-crime-international-decocide

    ¹⁹ https://www.stopecocide.earth/new-breaking-news-summary/stockholm50-youth-task-force-demands-ecocide-law

    ²⁰ https://www.faithforecocidelaw.earth/

    ²¹ https://www.stop-ecocide.fr/communiques-de-presse-sommaire/icgn-reitere-son-appel-aux-gouvernements


Réponses des principales parties prenantes :

"Nous demandons instamment au Bureau du Procureur de reconnaître que le Statut de Rome, dans sa forme actuelle, est inadéquat pour remplir son objectif déclaré, qui est de s'attaquer aux "crimes les plus graves qui touchent l'ensemble de la communauté internationale". Il doit inclure l'écocide en tant que 5ème crime international, en élargissant son mandat à la protection du monde vivant dont nous dépendons entièrement".

"En conclusion, nous sommes d'avis que, bien que la recherche de moyens d'utiliser le Statut de Rome dans sa forme actuelle pour protéger l'environnement soit admirable dans son intention, elle ne va tout simplement pas assez loin pour fournir une véritable protection ou une véritable dissuasion. Nous sommes d'avis qu'un crime entièrement nouveau, axé sur les atteintes graves à l'environnement en tant que telles, est essentiel pour préserver la planète, notre avenir commun et des entreprises saines et durables".

Nous pensons qu'il est essentiel de modifier le statut de Rome, qui présente actuellement certaines limites, afin de prévoir une protection explicite de l'environnement à tout moment et pas seulement en temps de guerre. En reconnaissant l'écocide en droit, nous pouvons nous attaquer à la question la plus fondamentale de notre époque et nous nous réjouissons de tout nouvel engagement des parties prenantes à ce sujet.

"Nous demandons donc instamment au bureau du procureur de soutenir l'appel à criminaliser l'écocide en tant que cinquième crime international en vertu du Statut de Rome, en élargissant ses attributions pour protéger le monde dont nous dépendons entièrement. Cela contribuerait à la réalisation de l'objectif déclaré de la Cour, qui est de s'attaquer aux 'crimes les plus graves qui touchent l'ensemble de la communauté internationale'".

  • En tant qu'État accordant une priorité élevée à la Cour pénale internationale (CPI) et à son mandat de mettre fin à l'impunité des auteurs de crimes internationaux, la République de Vanuatu est encouragée par la consultation publique du bureau du procureur sur les crimes contre l'environnement, et par le fait que la CPI prend les crimes contre l'environnement au sérieux. Vanuatu reconnaît depuis longtemps la nécessité de s'engager dans la recherche de la justice et de la responsabilité pour les crimes les plus graves affectant l'environnement, et reconnaît que des institutions et des procédures internationales crédibles sont essentielles pour atteindre cet objectif.

    Cependant, nous sommes également conscients que le Statut de Rome comporte des limites importantes dans ce domaine. Les crimes visés (génocide, crimes contre l'humanité, crimes de guerre et crime d'agression) se concentrent presque exclusivement sur les dommages causés aux êtres humains, et la seule clause portant spécifiquement sur l'environnement n'est applicable qu'en temps de guerre¹, avec un seuil qu'il est excessivement difficile d'atteindre dans la pratique. Vanuatu est conscient que la destruction inconsidérée de la nature peut avoir lieu et a lieu à tout moment, pas seulement pendant un conflit, et que même lorsque les impacts immédiats ne sont pas consciemment dirigés vers les humains, les effets sur les communautés locales et, en fin de compte, sur nous tous peuvent être ressentis à grande échelle. Si nous voulons habiter une planète vivable et en hériter, nous devons reconnaître la terrible menace - et les terribles conséquences - d'une grave destruction de l'environnement, où qu'elle se produise et quand elle se produit. Nous réitérons donc notre opinion réfléchie et de longue date selon laquelle l'Assemblée des États parties à la Cour pénale internationale devrait criminaliser l'"écocide" en tant que cinquième crime contre la paix dans le statut de Rome.

    Selon la définition du crime qui fait le plus autorité sur le plan juridique, adaptée du droit international existant, l'écocide est défini comme "des actes illicites ou gratuits commis en sachant qu'il existe une forte probabilité de dommages graves et étendus ou à long terme à l'environnement causés par ces actes"² Cette définition, rédigée par un groupe d'experts indépendants en 2021, a catalysé la majorité des efforts internationaux, régionaux et nationaux en faveur de la reconnaissance du crime.

    Le Statut de Rome - qui a pour mandat de juger les crimes les plus graves menaçant la paix et la sécurité de la communauté internationale - revêt une importance particulière pour nous, petits États insulaires en développement. Si notre région se caractérise par une paix et une sécurité relatives, la lutte contre l'impunité est mondiale. En outre, le système de justice pénale, conformément au principe de complémentarité, peut potentiellement répondre aux plus grandes menaces pour les droits de l'homme dans le Pacifique et, en fin de compte, aux menaces causées par la destruction de l'environnement et le changement climatique. Vanuatu est l'un des États les plus vulnérables au climat. Nous sommes confrontés à un avenir incertain pour notre peuple et, par conséquent, nous nous efforçons sans relâche, au niveau diplomatique, d'explorer toutes les voies du droit international susceptibles d'aider notre pays et beaucoup d'autres. Nous considérons que l'adoption d'une loi sur l'écocide fait partie intégrante de ces efforts.

    Vanuatu a toujours encouragé l'adoption de la loi sur l'écocide en tant que cinquième crime contre la paix. Lors de la 17e session de l'Assemblée des États parties à la CPI en décembre 2018, le ministre des Affaires étrangères Ralph Regenvanu a déclaré publiquement que la loi sur l'écocide est l'un des instruments qui intéressent Vanuatu dans la lutte contre la crise climatique. Dans la foulée, en mai 2019, le Vanuatu a accueilli la table ronde des îles du Pacifique sur la ratification et la mise en œuvre du Statut de Rome, en partenariat avec le gouvernement coréen, l'Union européenne, la CPI et les Parlementaires pour l'action mondiale. Cet événement marquant a permis de faire connaître la CPI dans le Pacifique et d'encourager d'autres États de notre région à adhérer au Statut de Rome, en vue de parvenir à une ratification universelle du Statut. En conséquence, en décembre de la même année, Vanuatu a été la première nation à demander officiellement que l'on envisage d'inclure l'écocide dans le Statut de Rome, lors de la 18e session de l'Assemblée des États parties de la CPI. Dans notre déclaration3, Son Excellence John H. Licht, représentant permanent de Vanuatu auprès du Royaume de Belgique et de l'Union européenne, a souligné que :

    "Les défis sans précédent posés par le changement climatique exigent une coopération internationale sans précédent. Le droit international a un rôle clé à jouer à cet égard ; cependant, ce rôle est resté marginal dans la pratique... Nous pensons que la ville de La Haye, en tant que capitale mondiale du droit international, a un rôle particulier à jouer à cet égard. Cet auguste organe - l'Assemblée des États parties - est extrêmement bien placé pour contribuer à la réalisation de ce potentiel. En particulier, un amendement au Statut de Rome pourrait criminaliser les actes qui constituent un écocide. Nous pensons que cette idée radicale mérite d'être discutée sérieusement au vu des preuves scientifiques récentes montrant que le changement climatique constitue une menace existentielle pour les civilisations.

    Depuis cette déclaration, Vanuatu a publiquement exprimé son soutien à la loi sur l'écocide avec diverses déclarations et événements sur la loi sur l'écocide dans des forums tels que l'Assemblée des États parties à la CPI⁴ ; COP15⁵ ; COP27⁶ ; Davos⁷ ; la CCNUCC³. Notre président Nikenike Vurobaravu a cité la définition juridique de l'écocide rédigée par le groupe d'experts indépendants référencé ci-dessus lorsqu'il s'est adressé à l'Assemblée générale des Nations unies en septembre 20229, et notre gouvernement a officiellement adopté le plaidoyer en faveur du droit de l'écocide dans son programme de diplomatie climatique. Les panels publics et les tables rondes diplomatiques que nous avons co-organisés avec l'organisation de défense "Stop Ecocide International" à la CPI et dans divers contextes de l'ONU ont toujours attiré un public nombreux et engagé.

    Il est bien entendu qu'une protection significative et efficace de l'environnement nécessite des normes applicables qui peuvent dissuader les atteintes les plus graves au monde vivant, ainsi qu'une coopération internationale significative dans les sphères nationales, régionales et internationales. Le statut de Rome, ainsi que les forums de la Cour pénale internationale en général, offrent un outil légitime pour garantir une action collective efficace en matière de dommages environnementaux.

    Les caractéristiques propres à la Cour, telles que son large éventail de parties prenantes et le recours à des pratiques telles que le témoignage des victimes et la justice réparatrice, peuvent offrir des outils nouveaux et très utiles pour s'attaquer aux dommages environnementaux graves. Compte tenu de l'urgence d'une action environnementale efficace, ces caractéristiques de la Cour peuvent être considérées comme très pertinentes.

    Nous pensons qu'il est impératif de mettre en place une disposition juridique préventive sous la forme d'un crime international d'écocide, créant une dissuasion exécutoire pour éviter les dommages et les destructions massives affectant les écosystèmes et les espèces les plus importants et les plus vulnérables du monde - des dommages qui détruisent sans relâche la biodiversité et exacerbent le changement climatique. Le mot lui-même signifie "tuer notre maison", ce que nous devons empêcher si nous voulons avoir un avenir vivable.

    Nous demandons instamment au Bureau du Procureur de reconnaître que le Statut de Rome, dans sa forme actuelle, est inadéquat pour remplir son objectif déclaré de traiter les "crimes les plus graves qui touchent l'ensemble de la communauté internationale". Il doit inclure l'écocide en tant que 5ème crime international, en élargissant son mandat à la protection du monde vivant dont nous dépendons entièrement.

    ———

    ¹ Convention des Nations unies sur l'interdiction d'utiliser des techniques de modification de l'environnement à des fins militaires ou toutes autres fins hostiles ("Convention ENMOD"), 1108 UNTS 151 (1976), Protocole additionnel I à la Convention de Genève relatif à la protection des victimes des conflits armés internationaux 6 U.S.T. 3316, 75 U.N.T.S. 135 (1949), articles 35 et 55.

    Stop Ecocide International, "Legal Definition of Ecocide" (2021).

    ³ https://asp.icc-cpi.int/sites/asp/files/asp_docs/ASP18/GD.VAN.2.12.pdf

    ⁴ https://www.youtube.com/watch?v=NxO7BK8Yr_A

    ⁵ https://www.youtube.com/watch?v=3xZNw98mGAQ ;

    ⁶https://www.youtube.com/watch?v=TNDONba- ilg ; https://www.youtube.com/watch?v=LCQM3-NtvUA ; https://www.youtube.com/watch?v=ctxvQhkHF8g

    ⁷ https://www.youtube.com/watch?v=YLZen6jaApM

    ⁸ https://www.stopecocide.earth/events/clarifying-obligations-and-deterring-harm-the-power-of-international-law-to-address-climate-crisis-1 ; https://www.youtube.com/shorts/8FYJ2VOhH1k

    Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

  • Madame, Monsieur

    À la Banque Triodos, notre philosophie est axée sur "le financement du changement et le changement de la finance". Nos services soutiennent les individus et les organisations qui souhaitent apporter un changement positif et contribuer aux défis auxquels notre société est confrontée. De ce point de vue, nous nous réjouissons que le bureau du procureur prenne au sérieux les crimes contre l'environnement. La Banque Triodos et ses clients sont très attachés à la santé et à la sécurité de notre planète et de ses écosystèmes, qui sont le support de toute vie et de toute activité (économique).

    Nous comprenons que la consultation actuelle propose d'explorer les façons dont le Statut de Rome peut être utilisé dans sa forme actuelle pour tenir responsables ceux qui endommagent l'environnement. Bien que nous nous félicitions de l'utilisation du Statut de Rome pour traiter ce qui peut l'être dans le cadre du texte existant, il existe des lacunes importantes.

    Dans sa rédaction actuelle, le Statut de Rome se concentre sur les dommages causés aux êtres humains et n'offre aucune protection explicite à l'environnement, sauf dans certaines circonstances en temps de guerre. Bien qu'il y ait eu récemment des exemples de dommages horribles causés à l'environnement dans un contexte de guerre, la plupart des dommages causés à l'environnement ont lieu en temps de paix à des fins commerciales. Dans de nombreux cas, les dommages causés à l'homme ne sont pas immédiatement évidents et peuvent mettre des années, voire des décennies, à se manifester, alors qu'il est déjà trop tard. 55 % de notre économie mondiale et donc de notre société dépendent directement des services fournis par la nature. En tant que banque, nous ne pouvons pas fonctionner, fournir des emplois, faciliter les transactions financières ou faire des bénéfices si la nature ne prospère pas. Compte tenu de l'état précaire des écosystèmes et de la nature, du stress qu'ils subissent actuellement et de l'épuisement des ressources naturelles pour le profit de quelques-uns, les atteintes graves à l'environnement devraient constituer un crime à part entière, indépendamment de leur impact apparent sur les populations humaines.

    Nous savons que le crime contre l'environnement - l'écocide - devait à l'origine être inclus dans le statut de Rome lors de sa rédaction, mais que, pour des raisons obscures, il a été abandonné avant sa signature. Nous ne pouvons qu'imaginer à quel point le monde pourrait être différent aujourd'hui, et quelles destructions auraient pu être évitées, si les crimes contre l'environnement avaient été inclus, que ce soit en temps de paix ou en temps de guerre. La création d'un nouveau crime spécifiquement axé sur la protection de l'environnement aurait un effet dissuasif puissant contre les dommages futurs.

    En conclusion, nous sommes d'avis que, bien que la recherche de moyens d'utiliser le Statut de Rome dans sa forme actuelle pour protéger l'environnement soit admirable dans son intention, elle ne va tout simplement pas assez loin pour fournir une véritable protection ou une véritable dissuasion. Nous sommes d'avis qu'un crime entièrement nouveau, axé sur les atteintes graves à l'environnement, est essentiel pour préserver la planète, notre avenir commun et des entreprises saines et durables.

    Je vous prie d'agréer, Madame Sanne van Keulen, l'expression de mes salutations distinguées.

  • FAO : Karim Khan, Procureur général de la Cour pénale internationale, OTP

    Systemiq Ltd, la société de changement de système, a été fondée en 2016 pour favoriser la réalisation des Objectifs de développement durable et de l'Accord de Paris, en transformant les marchés et les modèles commerciaux dans cinq systèmes clés : la nature et l'alimentation, les matériaux et la circularité, l'énergie, les zones urbaines et la finance durable. Certifiée B-Corp, Systemiq combine le conseil stratégique avec un travail de terrain à fort impact, et s'associe avec les entreprises, la finance, les décideurs politiques et la société civile pour apporter des changements systémiques à l'échelle internationale.

    En tant que B-Corp, l'exploitation du pouvoir des entreprises pour résoudre les problèmes environnementaux et sociaux les plus urgents est au cœur de la mission de Systemiq. C'est pourquoi nous saluons et soutenons la consécration de l'écocide en tant que loi autonome afin de dissuader, de prévenir et de sanctionner les pires dommages causés à la nature et à notre climat, à tout moment et en tout lieu. Collectivement, nous avons le devoir de veiller à ce que la loi protège fermement la planète, les peuples et les cultures qui sont les plus susceptibles d'être affectés par les résultats de l'écocide, en particulier s'ils n'ont pas une voix proportionnelle dans la manière dont ces crimes sont traités.

    En accord direct avec notre mission et notre objectif, Systemiq applaudit l'approche adoptée par le Bureau du Procureur pour s'assurer que les crimes contre l'environnement sont pris au sérieux et qu'il existe une opportunité de dissuader ceux qui cherchent à nuire à l'humanité en établissant des conséquences sérieuses pour le crime d'écocide. Nous pensons qu'il est essentiel de modifier le statut de Rome, qui présente actuellement certaines limites, afin de prévoir une protection explicite de l'environnement à tout moment et pas seulement en temps de guerre. En reconnaissant l'écocide dans la loi, nous pouvons nous attaquer au problème le plus fondamental de notre époque et nous nous réjouissons de tout autre engagement des parties prenantes à ce sujet.

    Cordialement, Jeremy Oppenheim

 

"Nous pensons que les atteintes graves à l'environnement sont si graves que l'écocide devrait être un crime à part entière en vertu du Statut de Rome.

"Le Bureau du Procureur devrait reconnaître cette limite du Statut et proposer la création d'un cinquième crime, l'écocide, qui permettrait de dissuader et de sanctionner préventivement les pires formes de destruction de l'environnement.

"Nous pensons que les atteintes à l'environnement sont si graves que l'écocide devrait être un crime à part entière en vertu du Statut de Rome”.

"Nous saluons l'initiative du procureur de voir ce qui peut être fait en utilisant les instruments juridiques existants, mais nous suggérons fortement qu'il est temps de faire de l'écocide un crime à part entière dans le cadre du Statut de Rome.

  • En tant que PDG d'initiatives commerciales dont les entreprises membres représentent plus de 1000 milliards d'euros de revenus combinés, nous saluons votre engagement à traiter les atteintes graves à l'environnement par le biais des instruments juridiques existants.

    Pour aller plus loin, nous pensons que les atteintes graves à l'environnement sont si graves que l'écocide devrait être un crime à part entière en vertu du Statut de Rome. L'analyse scientifique de la crise climatique montre clairement que la réduction des émissions ne suffit plus à résoudre la crise climatique : nous devons également protéger les écosystèmes vivants de la Terre.

    En outre, l'économie mondiale et le bien-être de l'homme dépendent d'écosystèmes sains. Malgré cela, nos écosystèmes sont perturbés et détruits par des actes inconsidérés d'une telle ampleur qu'ils préoccupent la communauté internationale.

    Comme vous le savez, l'écocide n'est actuellement un crime en vertu du Statut de Rome qu'en temps de guerre. Étant donné que l'écocide se produit également en temps de paix, il s'agit d'une lacune dans l'ordre juridique. En outre, en raison du seuil élevé fixé par le statut de Rome pour le crime de guerre, celui-ci ne peut pas être utilisé, même en temps de guerre, pour sanctionner de nombreux actes portant gravement atteinte à la nature.

    Dans la pratique, il ne peut donc pas être utilisé pour demander des comptes aux responsables d'actes de destruction grave de l'environnement. La destruction massive de l'environnement est un problème international. Pour y faire face, il faut un droit international de portée mondiale. Pour prévenir l'écocide en temps de paix, nous concluons qu'un ajout au Statut de Rome est nécessaire pour garantir des mesures efficaces et dissuasives concernant la destruction massive de la nature. La définition proposée par un groupe d'experts internationaux indique le niveau de ce qui est nécessaire. Une telle loi aurait un impact sur l'évaluation des risques et, en conséquence directe, guiderait les comportements vers des façons plus sûres et meilleures d'être sur cette planète.

    Nous comptons parmi nos membres un large éventail d'entreprises qui s'efforcent d'assumer leur responsabilité pour un avenir durable. Pour qu'elles puissent réaliser cette ambition, il faut des conditions équitables : une concurrence loyale sur les marchés nationaux et internationaux.

    Faire de l'écocide un crime à part entière aidera les entreprises responsables à réussir. Cela stimulera également le taux d'innovation pour un avenir durable.

    Faire de l'écocide un cinquième crime dans le cadre du Statut de Rome augmentera la prise de conscience de la nécessité de respecter et de protéger la nature et aura un impact positif important sur celle-ci. En tant qu'organisations, nous soutenons déjà publiquement l'idée de faire de l'écocide un cinquième crime relevant de la compétence de la Cour pénale internationale, afin d'établir un rail de sécurité pour la nature. Nous demandons instamment au bureau du procureur d'utiliser son pouvoir pour combler les lacunes actuelles de l'ordre juridique.

    Une fois de plus, je vous remercie de votre initiative pour lutter contre la destruction de l'environnement.

    Johan Falk, PDG et cofondateur de l'initiative Exponential Roadmap

  • Au Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI)

    Tout d'abord, je vous remercie de me donner l'occasion de répondre à votre appel public à commentaires concernant la politique de lutte contre les crimes environnementaux. La Wellbeing Economy Alliance (WEAll) est la principale collaboration d'organisations, d'alliances, de mouvements et d'individus œuvrant à la transformation du système économique, du paradigme dominant actuel, qui recherche le profit et la croissance (à tout prix), largement mesurés par le PIB, à un paradigme qui recherche le bien-être.

    Dans ce nouveau paradigme, l'économie serait au service de toute vie et le succès serait mesuré par la réalisation du bien-être des personnes et de la planète.

    Nous sommes parfaitement conscients de l'impact environnemental dévastateur de l'activité économique humaine. Une grande partie de cet impact est le résultat direct de la recherche du profit et de la croissance, souvent en réponse à l'intérêt privé plutôt qu'à l'intérêt public. Les normes environnementales s'en trouvent affaiblies, ce qui a souvent des effets dévastateurs sur l'environnement. Ces impacts sont considérés comme des "externalités", une façon de les considérer qui masque le coût réel de l'activité.

    Cette approche imprudente a permis à certains de réaliser des profits considérables et, dans le même temps, d'avoir des répercussions inconsidérées et criminelles sur l'environnement, ce qui a des effets négatifs incalculables sur la santé de la planète et sur celle de communautés entières. Elle crée également des conditions inégales et injustes pour les acteurs responsables, ce qui rend difficile, voire presque impossible, le développement des acteurs responsables et des solutions nécessaires.

    Nous voudrions saluer l'intérêt du Bureau du Procureur pour les crimes environnementaux, en notant que le Statut de Rome actuel n'aborde pas ces crimes de manière exhaustive. Nous sommes en train de dépasser les limites de la planète et nous sommes confrontés à un certain nombre de points de basculement qui affectent déjà la paix, la sécurité et le bien-être dans le monde.

    Le Bureau du Procureur devrait reconnaître cette limite du Statut et proposer la création d'un cinquième crime, l'écocide, qui permettrait de dissuader et de sanctionner de manière préventive les pires formes de destruction de l'environnement, tout en offrant une base juridique nous permettant de mieux prospérer dans l'espace sûr de nos frontières planétaires, et nous aidant à corriger la destruction suicidaire actuelle de notre maison commune.

    Nous serions ravis d'approfondir ces idées.

    Chaleureuses salutations, Simon Ticehurst

  • A l'attention du Procureur de la CPI

    Nous saluons votre initiative visant à déterminer ce qui peut être fait pour limiter les atteintes graves à l'environnement en utilisant les instruments juridiques existants. Nous pensons que les atteintes à l'environnement sont si graves que l'écocide devrait être un crime à part entière en vertu du statut de Rome.

    55 % du PIB mondial dépend des services rendus par la nature. Malgré cela, nous sommes de plus en plus témoins de la façon dont nos écosystèmes sont perturbés et détruits par une exploitation irréfléchie de la nature.

    Les décideurs du monde entier doivent comprendre que les actions inconsidérées contre la nature peuvent avoir de graves conséquences sous la forme d'emprisonnement ou d'amendes élevées.

    L'UE progresse sur cette question et renforce les réglementations et les sanctions, ce qui est une excellente chose, mais ce n'est pas suffisant. La raison en est simple : l'UE compte 27 États membres, sur un seul continent. La Cour pénale internationale compte 123 États membres, répartis sur tous les continents.

    En outre, la destruction massive de l'environnement est un problème international, dont les conséquences ne se limitent pas aux frontières nationales. Il est nécessaire de disposer d'un droit international de portée mondiale.

    L'absence actuelle de législation favorise le développement d'activités destructrices. Par voie de conséquence, elle freine le développement de modes de vie responsables sur cette planète.

    Si l'écocide est mentionné dans le statut de Rome, il ne constitue un crime qu'en temps de guerre. L'écocide se produit également en temps de paix.

    En outre, la définition de l'écocide en temps de guerre fixe un seuil si élevé que très peu d'actes portant gravement atteinte à l'environnement peuvent être pris en compte. Pour le crime d'écocide en tant que crime autonome, la définition proposée en 2021 par un groupe d'experts est plus proche de ce qui est nécessaire pour commencer à s'attaquer au problème, qui est à la fois urgent et grave et qui, par conséquent, "préoccupe la communauté internationale dans son ensemble".

    Faire de l'écocide un cinquième crime dans le cadre du Statut de Rome présente plusieurs avantages :

    - La loi commence au bon moment pour aborder les questions clés, car elle est globale, s'attaque aux dommages les plus graves et intervient également au début de la chaîne de valeur.

    - Elle crée une nouvelle situation de prise de décision et d'analyse des risques pour les personnes responsables d'activités susceptibles de causer des dommages importants aux écosystèmes vitaux.

    - La loi contribue à une concurrence loyale, tant en Suède qu'au niveau mondial.

    - Elle crée une pression accrue en faveur de la transition, ce qui contribue à augmenter le taux d'innovation.

    La Cour pénale internationale est une institution importante et elle est dans une position unique pour établir un garde-fou juridique, afin de permettre à l'humanité de prospérer sur cette planète. Étant donné que le droit pénal influence également notre sens du bien et du mal, faire de l'écocide un cinquième crime dans le cadre du statut de Rome amorcera un changement de valeurs des plus importants. Nous pensons que les crimes contre l'environnement devraient être mis sur le même plan que les crimes contre l'humanité et nous encourageons le bureau du procureur à user de son influence pour faire avancer cette idée.

    Au nom de nos entreprises :

    SPP, Johanna Lundgren Gestlöf, responsable du développement durable

    Polarbrödsgruppen, Karin Bodin, PDG

    Icebug, David Ekelund, PDG

    Houdini Sportswear, Eva Karlsson, PDG

    SPP est un acteur suédois majeur dans le domaine des pensions professionnelles ;

    Polarbröd est la troisième plus grande entreprise de boulangerie de Suède ;

    Icebug est un précurseur mondial en matière de transparence et de durabilité dans l'industrie de la chaussure ;

    Houdini Sportswear est une marque suédoise d'activités de plein air progressiste et en pleine expansion, qui occupe une position de premier plan dans l'industrie de l'habillement à l'échelle mondiale.

    Traduit avec www.DeepL.com/Translator (version gratuite)

  • Au Bureau du Procureur

    Votre initiative visant à faire progresser l'obligation de rendre des comptes pour les crimes contre l'environnement dans le cadre du Statut de Rome est tout à fait louable et bienvenue. Nous sommes tout à fait d'accord avec la déclaration des procureurs selon laquelle "les dommages causés à l'environnement constituent une menace existentielle pour toutes les formes de vie sur la planète".

    Nous aimerions aller plus loin.

    Malgré l'accord de Paris de 2015, les émissions augmentent d'année en année. Les engagements pris par les gouvernements du monde entier sont trop souvent ignorés et la fenêtre permettant de garder les conséquences de la crise climatique même partiellement gérables se referme rapidement.

    Ces conséquences sont déjà palpables : de violentes tempêtes, des inondations, des sécheresses et des incendies de forêt font l'objet d'articles dans les journaux presque tous les jours. Nous avons transgressé six des neuf limites planétaires reconnues et enfreint sept des huit limites terrestres sûres et justes. Malgré l'espoir que nous avions en 2015, nous sommes terriblement en retard sur les objectifs fixés pour la réduction des émissions d'ici à 2030.

    Les espèces disparaissent de la surface de la Terre à un rythme alarmant. En 2022, un accord international historique sur la biodiversité a été conclu à Montréal pour lutter contre la perte dangereuse de biodiversité et restaurer les systèmes naturels. Les objectifs sont ambitieux et nécessaires, mais on peut se demander s'ils seront atteints.

    Notre bilan n'est pas encourageant : aucun des objectifs précédents en matière de protection de la biodiversité n'a été pleinement atteint. Il est clair que nous ne devons pas nous contenter de nous mettre d'accord sur des objectifs.

    Si nous saluons l'initiative du procureur de voir ce qui peut être fait en utilisant les instruments juridiques existants, nous suggérons fortement qu'il est temps de faire de l'écocide un crime à part entière dans le cadre du Statut de Rome.

    Faire de l'écocide un crime autonome relevant de la compétence de la CPI nous donne l'occasion de combler le fossé entre ce que les instruments juridiques existants peuvent réaliser et ce que la science nous dit qu'il faut faire - et ce que la science nous dit sur l'urgence de la nécessité d'agir. Le temps est vraiment compté.

    En faisant de l'écocide un crime, on envoie un signal fort indiquant que l'environnement doit être protégé et qu'il vaut la peine de l'être. Étant donné que les actes qui causent l'écocide sont par nature de grande envergure, il est probable que les décisions d'investissement concernant ces actes seront affectées dès qu'il sera clair que la nouvelle loi est sur le point d'être adoptée.

    En outre, il contribuerait à un changement de conscience : un changement qui renforce la protection de l'environnement et soutient un cadre juridique plus collaboratif et plus efficace pour notre avenir commun sur une planète partagée.

    L'analyse scientifique fournit une base solide pour soutenir que cet amendement serait crucial pour la réalisation de l'Accord de Paris ainsi que pour soutenir une économie dans les limites planétaires et protéger les droits de l'homme.

    Plus de 100 scientifiques de tous les continents ont déjà signé une déclaration demandant que l'écocide soit considéré comme un crime dans le cadre du Statut de Rome.

    Nous pensons que seul un risque réel de sanctions pénales significatives à l'encontre de ceux qui endommagent notre planète commencera à empêcher la catastrophe qu'ils sont en train de provoquer. Les enjeux ne pourraient être plus élevés.

    Au nom du Bureau des chercheurs

    Professeur Alasdair Skelton

    Président du Bureau des chercheurs

    Le Researchers' Desk offre une plateforme de dialogue entre les chercheurs et la société civile, les éducateurs et les décideurs concernant la crise actuelle du climat et de la biodiversité. La plupart de nos chercheurs travaillent dans de grandes universités suédoises. Leur expertise couvre de multiples disciplines dans les domaines des sciences naturelles, des sciences sociales et des sciences humaines. Researchers' Desk est une organisation à but non lucratif.

 

"Il est clair que des mesures supplémentaires doivent être prises pour prévenir et décourager les atteintes les plus graves à l'environnement et qu'un cinquième crime distinct, l'écocide, devrait être introduit dans le droit pénal international, aux côtés des crimes existants en vertu du Statut de Rome”.

"Je crois savoir que la loi actuelle a toujours été conçue pour être complétée par une cinquième loi - le crime d'écocide - qui s'appliquera en temps de guerre et de soi-disant paix. J'espère que vous pourrez proposer que cette loi soit ajoutée de toute urgence au Statut de Rome".

"Afin de décourager la déforestation effrénée de la forêt amazonienne et les violations des droits de l'homme qui en découlent à l'encontre de ses populations traditionnelles (autochtones et non autochtones), le Brésil et la communauté internationale ont besoin d'un crime environnemental plus large et plus englobant : l'écocide”.

"Nos travaux démontrent sans cesse que nos systèmes juridiques - à tous les niveaux de gouvernance - doivent évoluer pour que le droit puisse jouer son rôle crucial dans la transition environnementale. Il est essentiel que le droit pénal international fasse partie de ce changement".

  • Réponse de la Baronne Boycott à la consultation du Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale sur une nouvelle initiative politique visant à promouvoir la responsabilité pour les crimes environnementaux en vertu du Statut de Rome.

    Je me réjouis de l'occasion qui m'est donnée de participer aux premières étapes de l'élaboration du document d'orientation et du fait que le Bureau du Procureur examine de près la question des crimes contre l'environnement. 

    Face aux risques croissants que font peser sur notre planète l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre, la perte de biodiversité et le déclin des espèces, les températures record des océans et la menace d'un basculement des courants océaniques, il est clair qu'il faut prendre davantage de mesures pour prévenir et décourager les atteintes les plus graves à l'environnement et qu'il convient d'introduire dans le droit pénal international un cinquième crime distinct, l'écocide, qui viendrait s'ajouter aux crimes déjà prévus par le statut de Rome.

    S'il est important d'utiliser les dispositions existantes du statut de Rome pour traiter les crimes contre l'environnement lorsque cela est possible, je suis préoccupée par le fait qu'il n'y a pas de protection explicite de l'environnement dans le statut autre que les dispositions de l'article 8.2.b.iv qui ne s'appliquent que pendant les conflits armés et dans le contexte des crimes de guerre.

    Avec un seuil aussi élevé pour intenter une action au titre du statut concernant les dommages causés à l'environnement, cela signifie que la destruction des écosystèmes qui se produit en temps de paix ou qui n'affecte pas directement les êtres humains ne sera pas couverte.

    Le préambule du Statut de Rome stipule que "les crimes les plus graves qui touchent l'ensemble de la communauté internationale ne doivent pas rester impunis". Il existe actuellement une lacune en ce qui concerne les crimes qui causent les destructions environnementales les plus graves et j'espère que le document d'orientation pourra y remédier en recommandant l'établissement d'un cinquième crime d'écocide afin de garantir que les atteintes les plus graves à notre environnement naturel puissent être dissuadées et empêchées, où et quand elles se produisent, et que les responsables puissent être tenus de rendre des comptes. L'introduction d'une telle garantie juridique contribuera à réduire les risques croissants de franchissement des points de basculement naturels et climatiques.

    À l'instar d'un nombre croissant de pays qui ont déjà introduit ou cherchent à introduire des crimes d'écocide au niveau national, j'ai récemment présenté un projet de loi sur l'écocide (Private Member's Bill) à la Chambre des Lords britannique, qui introduirait un nouveau délit d'écocide dans le cadre du droit pénal en Angleterre, ciblant les personnes responsables de graves dommages environnementaux et dissuadant les futurs dommages environnementaux graves. Des événements récents, tels que le déversement illégal de polluants (chimiques ou agricoles) dans les systèmes fluviaux, la pêche illégale ou le chalutage de fond dans des zones protégées, démontrent la nécessité d'une plus grande protection juridique contre de tels dommages.

    Alors que la législation nationale existante permet de prendre des mesures d'exécution dans diverses situations d'infraction au droit de l'environnement, le regroupement de ces mesures dans une nouvelle loi sur l'écocide couvrira tous les aspects des atteintes à l'environnement, offrant une protection globale, complétant le cadre réglementaire existant et s'appliquant aux atteintes les plus graves à l'environnement. Elle aura également un effet dissuasif et incitera à un comportement plus respectueux de l'environnement.

    L'inclusion d'un nouveau crime international d'écocide dans le Statut de Rome incitera les pays à intégrer l'écocide dans leur législation nationale et garantira également que la Cour pénale internationale sera en mesure d'engager des poursuites dans des situations où les États-nations ne peuvent ou ne veulent pas le faire.

  • Cher Bureau du Procureur, 

    Je suis très encouragé par la lecture de cette consultation, ayant été un ami et un allié de Polly Higgins qui a commencé à travailler sur la loi de l'écocide avant le lancement d'Extinction Rebellion. Au sein de XR, nous avons toujours été de fervents partisans de l'ajout d'une loi sur l'écocide au Statut de Rome. Nous sommes conscients des tentatives d'utilisation des statuts actuels pour ralentir la destruction de notre biosphère, notamment le travail de Climate Genocide Act Now dans lequel les militants soulignent l'intention à la fois oblique et directe. Nous applaudissons ces tentatives. Polly a toujours été claire sur le fait qu'elles devaient être faites, car elles permettraient soit d'empêcher les dommages massifs et la destruction de l'environnement naturel, soit de montrer qu'il n'y a pas de loi. Compte tenu de l'absence de recours et de succès dans des affaires clés, je pencherais pour la conclusion que la loi actuelle n'est pas en mesure d'assurer les protections dont nous avons besoin de toute urgence. Je sais également que des entreprises, telles que Business Declares, soutiennent une loi sur l'écocide. Il est clair que les forces du marché et le "développement durable" sont incapables d'apporter les changements nécessaires.

    La circulation méridienne de retournement de l'Atlantique (AMOC) est en train de s'effondrer, les systèmes de survie de la terre commencent à s'effondrer. Ce n'est pas un hasard, c'est dû à la politique et aux pratiques des gouvernements et des chefs d'entreprise. Nous ne voyons pas qu'ils soient tenus de rendre des comptes de manière significative. Comment se fait-il que ceux d'entre nous qui cherchent à tirer la sonnette d'alarme et à exiger des changements urgents et nécessaires, dont je fais partie, soient traités de voyous et poursuivis comme des criminels, alors qu'il n'existe aucun recours pour ceux qui perpétuent les plus grands crimes jamais commis, des crimes dans lesquels d'éminents scientifiques parlent de milliards de morts.

    Je crois savoir que la loi actuelle a toujours été conçue pour être complétée par une cinquième loi - le crime d'écocide, qui subsistera en temps de guerre et de soi-disant paix. J'espère que vous pourrez proposer que cette loi soit ajoutée d'urgence au Statut de Rome. Les générations futures de toutes les formes de vie dépendent de vous !

    Avec amour et paix,

    Gail Bradbrook

  • À la Cour pénale internationale 

    Bureau du Procureur 

    A l'attention du Procureur général M. Karim A. Khan  

    L'écocide et notre communication¹ à la CPI sur les crimes contre l'humanité en Amazonie brésilienne  

    Paulo Busse est un avocat brésilien spécialisé dans les affaires pénales internationales, l'environnement et les droits de l'homme. Il a plus de 20 ans d'expérience dans le conseil et la représentation d'organisations de défense des droits de l'homme et de l'environnement au Brésil et à l'étranger. En collaboration avec d'autres avocats, il a mené un certain nombre d'actions juridiques de pointe visant à protéger l'environnement devant les tribunaux brésiliens et a soumis une communication au Bureau du Procureur de la CPI sur les crimes contre l'humanité commis en Amazonie brésilienne entre 2011 et 2021. Avocat de l'Observatório do Clima et avocat principal du Climate Counsel, il a également fourni des conseils sur les lois nationales relatives à l'écocide.

    Introduction

    Afin de décourager la déforestation rapide de la forêt amazonienne² et les violations des droits de l'homme qui en découlent à l'encontre de ses populations traditionnelles (autochtones et non autochtones), le Brésil et la communauté internationale ont besoin d'un crime environnemental plus large et plus englobant : l'écocide. 

    Entre 1985 et 2019, le Brésil dans son ensemble a perdu 872 000 km2 de végétation indigène dans les différents biomes, soit l'équivalent de 10,25 % de son territoire. Dans la seule région amazonienne, les chiffres de la déforestation publiés par l'Institut national de recherche spatiale (Inpe) font état d'un total de 470 472 km2 déboisés entre 1988 et juillet 2021, soit l'équivalent de 9,4 % de la zone délimitée comme Amazonie légale (qui couvre 58,9 % du Brésil). 

    Si le taux de déforestation a été réduit avec succès de 83 % sous les deux premiers mandats de Lula entre 2003 et 2010, il a depuis augmenté d'année en année. Sous la présidence de Jair Bolsonaro, il a augmenté de manière significative. Des données récentes indiquent que la déforestation cumulée de 2019 à 2022 a atteint 35 193 km2, une superficie qui dépasse la taille individuelle de deux États brésiliens : Sergipe et Alagoas. 

    Cela représente également une augmentation de près de 150 % par rapport à la période quadriennale précédente (2015 à 2018), au cours de laquelle 14 424 km2 ont été dévastés. En 2022, Lula est redevenu président et, au cours de la première année de son administration, avec Mme Marina Silva, ministre de l'environnement, il a réussi à réduire le taux de déforestation de 50 %.

    Comme l'indiquent ces données, si les politiques nationales peuvent être efficaces pour réduire la déforestation massive, la santé de l'Amazonie est - en grande partie - à la merci du gouvernement en place. L'Amazonie pouvant servir de gigantesque puits de carbone, sa disparition n'est pas seulement un problème pour le Brésil, mais aussi pour le monde entier, alors que nous cherchons à atténuer le dangereux réchauffement de la planète.

    Cet article affirme que des solutions nouvelles sont nécessaires pour empêcher la destruction continue de l'Amazonie brésilienne et des communautés indigènes et traditionnelles qui en dépendent. Un nouveau droit international de l'écocide, ou même une version nationale, ouvrirait des voies juridiques importantes pour ceux qui veulent protéger la forêt et ses communautés et contribuerait à dissuader ceux qui sont à l'origine de la destruction continue du biome.

    La législation brésilienne en matière d'environnement 

    La législation brésilienne en matière de protection des forêts est l'une des plus complètes au monde. 

    La Constitution "reconnaît les droits préexistants des populations indigènes sur leurs terres traditionnelles et établit en outre qu'elles ont des droits d'usufruit sur la terre, ainsi que sur les "richesses du sol, des rivières et des lacs qui s'y trouvent"". Les droits et les intérêts des populations autochtones doivent être défendus par le ministère public.⁵ Les droits culturels⁶ et le patrimoine⁷ sont consacrés, et la délimitation du territoire autochtone est requise.⁸ 

    Toutefois, les indigènes n'ont pas l'usufruit du sous-sol et ne possèdent donc pas de ressources minérales sur leurs terres ; les droits miniers appartiennent au gouvernement fédéral.⁹ Pour l'essentiel, la terre elle-même et tout ce qui a de la valeur en dessous restent dévolus à l'État.¹⁰

    Le Brésil dispose également d'un cadre juridique complet pour la protection de l'environnement. Le chapitre VI de la Constitution prévoit la protection/conservation de "l'environnement".¹¹ La politique environnementale¹² et la délivrance de permis et de licences¹³ sont antérieures à la Constitution, tout comme la responsabilité civile.¹⁴ La responsabilité pénale¹⁵ et administrative¹⁶ est apparue plus tard. La loi de 1998 sur les crimes contre l'environnement prévoit des sanctions pénales et administratives pour les particuliers et les entreprises qui portent atteinte à l'environnement, par exemple en récoltant du bois dans des forêts appartenant à l'État et en transportant, achetant ou vendant du bois récolté illégalement.¹⁷

    En théorie, les sanctions peuvent inclure des peines de prison, des amendes et des restrictions de droits pour les particuliers, ainsi que des amendes et des restrictions commerciales pour les entreprises, comme la suspension de leurs activités et l'interdiction de conclure des accords avec le gouvernement. En pratique, ces lois ne sont pas correctement appliquées, pour différentes raisons : les infractions sont souvent peu claires et dépendent généralement de directives et d'actions administratives. Les lois ne sont pas assez complètes pour freiner les types de dégradation de l'environnement les plus importants, les plus graves et les plus lourds de conséquences. Enfin, les sanctions sont sans doute trop faibles, ce qui permet aux défendeurs de bénéficier d'une série d'avantages procéduraux et d'éviter l'emprisonnement.

    En vertu du code forestier brésilien, les propriétaires privés de la région amazonienne doivent maintenir 80 % de la forêt sur leur propriété en tant que réserve naturelle.¹⁸ Le bois peut être légalement extrait sous réserve d'une autorisation des agences environnementales et d'engagements à maintenir la biodiversité, le couvert forestier et la croissance des espèces indigènes.¹⁹

    Ce cadre juridique est soutenu par un ensemble de régimes nationaux chargés de la protection des forêts brésiliennes. En ce qui concerne la reconnaissance des droits des communautés forestières, "le Brésil possède le système de tenure forestière le plus complexe de tous les pays, avec un total de huit [uniques] régimes de tenure.

    Ces régimes peuvent être classés en trois types : (a) les droits communautaires sur les ressources forestières dans les zones d'unité de conservation ; (b) les droits communautaires sur les ressources forestières dans les zones de réforme agraire ; et [...] (c) les droits détenus par les communautés indigènes ou Quilombola.'²⁰

    'est ce que le président Lula a appelé un jour la "mosaïque" de protections du Brésil.²¹ Ces régimes territoriaux sont en grande partie (mais pas exclusivement) liés aux terres de l'Amazonie brésilienne.²²

    En outre, chaque zone relève de la compétence d'une agence gouvernementale spécifique : ICMBio (dans le cas des réserves d'extraction, des réserves de développement durable et des forêts nationales) ; INCRA (dans le cas des projets de colonisation forestière, des projets de développement durable, des projets de colonisation agro-extractive et des territoires Quilombola) ; et FUNAI (dans le cas des terres indigènes).²³ Notamment, l'activité commerciale sans licence ou sans autorisation est illégale dans les réserves et les territoires indigènes.²⁴

    D'un point de vue normatif, le régime juridique national du Brésil reconnaît à la fois le crime et l'infraction environnementaux.²⁵ Le droit pénal/civil, les réglementations et autres dispositions pertinentes sont appliqués par l'IBAMA et l'ICMBio au niveau fédéral, et par les agences environnementales des États et des municipalités au niveau local.²⁶ Comme l'a noté Human Rights Watch, " la police fédérale est chargée de l'application pénale des lois environnementales dans les zones fédérales, y compris les territoires indigènes et les réserves de conservation fédérales : La police fédérale est chargée de l'application pénale des lois environnementales dans les zones fédérales, y compris les territoires indigènes et les réserves de conservation fédérales.'²⁷ Les efforts officiels d'application de la loi sont renforcés par d'autres acteurs informels tels que les soi-disant gardiens de la forêt²⁸, qui (devraient) relever du Programme national brésilien de protection des défenseurs des droits de l'homme. ²⁹ Un certain nombre d'organismes chargés de l'application de la loi existent également au niveau des États.³⁰ La racine du problème de la déforestation n'est donc pas que le Brésil ne dispose pas de protections juridiques pour la forêt tropicale amazonienne. Le problème est que les lois se sont révélées profondément inefficaces. Pourquoi ? 

    L'Amazonie attaquée 

    Le premier problème qui a entravé les efforts de prévention de la destruction de l'environnement est commun à de nombreuses juridictions : il s'agit des incitations économiques écrasantes et apparemment irrésistibles (perçues ou réelles). L'agriculture commerciale, l'exploitation forestière et l'exploitation minière (couvrant un large éventail de produits de base) sont les principaux secteurs de l'économie nationale.³¹ La valeur et le volume des exportations agricoles et minières du Brésil représentent environ 40 % des exportations de produits de base du pays.³²

    L'Amazonie brésilienne est depuis longtemps un objectif de développement économique. Une activité économique trop zélée a entraîné une déforestation importante au fil des ans. L'essentiel de l'activité commerciale en Amazonie est le fait d'un certain nombre d'acteurs : des multinationales de l'agroalimentaire et des petits exploitants agricoles;³⁴ de grands élevages de bétail (latifundios), dont certains disposent de leurs propres sociétés de sécurité privées;³⁵ de grandes sociétés minières et de petits exploitants de mines à ciel ouvert (garimpeiros).³⁶

    Au début du XXIe siècle, divers facteurs - notamment les nouvelles technologies commerciales, le développement des infrastructures, la facilité d'accès au financement, l'augmentation des prix mondiaux des matières premières, etc. - se sont conjugués pour favoriser l'expansion commerciale en Amazonie.³⁷ Bon nombre de ces tendances peuvent être liées à des facteurs économiques mondiaux ainsi qu'à des politiques nationales - adoptées par des administrations successives et soutenues par des groupes de pression associés.³⁸ Ces conditions ont créé des incitations au développement commercial et encouragé la participation d'un large éventail d'acteurs : grands et petits, légaux et illégaux.

    Nombre de ces individus commettent des infractions environnementales : élevage, agriculture, exploitation forestière et minière illégaux - presque toujours facilités par l'accaparement illégal des terres (grilagem). Pire encore, un nombre important d'entre eux se livrent à des crimes violents et à des violations des droits de l'homme - notamment des meurtres, des persécutions et divers actes inhumains - contre les utilisateurs et les défenseurs des terres rurales.³⁹ En d'autres termes, des segments importants de ces industries par ailleurs légitimes sont déchirés par des forces extérieures de cupidité, de brutalité et d'illégalité.

    Contrairement à la grande puissance commerciale à l'origine de l'expansion en Amazonie, les agences fédérales souffrent d'un sous-financement durable. Dans la pratique, les agences fédérales ont été confrontées à des pénuries de personnel et à des budgets réduits, ce qui les a obligées à abandonner les avant-postes les plus éloignés et à réduire la fréquence des visites à l'intérieur du pays.⁴⁰ En 2009, l'IBAMA employait quelque 1 600 inspecteurs dans tout le Brésil ; en 2019, elle n'en employait plus que 780. Depuis 2013, le budget de la FUNAI a été progressivement diminué par le gouvernement fédéral.⁴¹ En 2017, le budget de la FUNAI avait atteint son niveau le plus bas des 10 années précédentes.⁴² En 2017, l'INCRA a vu son budget amputé de 30%⁴³ et celui de la FUNAI réduit de près de la moitié. ⁴⁴ La même année, "le Programme national de protection des défenseurs des droits humains est resté sous-financé, limitant souvent la protection qu'il fournit aux appels téléphoniques d'agents basés loin dans la capitale du Brésil, Brasilia".⁴⁵

    Pour ne rien arranger, la FUNAI et l'INCRA ont été entravées par des enquêtes du Congrès lancées par des membres d'un puissant groupe parlementaire, les Ruralistas. ⁴⁶ Le groupe parlementaire Frente Parlamentar da Agropecuária (Front parlementaire pour l'agriculture et l'élevage) (FPA), ou plus simplement les Ruralistas, est une alliance de législateurs (députés et sénateurs) de différents partis politiques représentant des entreprises agroalimentaires qui donnent la priorité au développement commercial et à la propriété foncière plutôt qu'à la conservation et à la réglementation/protection de l'environnement. ⁴⁷ De nombreux membres sont de grands propriétaires terriens et reçoivent un financement de campagne important de la part d'intérêts du secteur privé liés à leurs activités.⁴⁸

    Pour les Ruralistas, "les protections sociales et environnementales des terres représentent un obstacle à un accès sans entrave".⁴⁹ Les Ruralistas visent à supprimer les obstacles au développement et font constamment jouer leur "muscle politique pour parvenir à ces fins" au niveau fédéral et au niveau des États.⁵⁰ En octobre 2018, grâce en grande partie aux Ruralistas, le bloc a consolidé son emprise déjà importante sur le système politique brésilien en soutenant fermement Jair Bolsonaro à la présidence. De manière inédite, depuis le début de l'année 2019, le bloc ruraliste a pu actionner deux leviers majeurs du pouvoir : une quasi-majorité au congrès et un président dont les politiques extrêmes mettent même mal à l'aise certains acteurs de l'agro-industrie.

    Le populiste M. Bolsonaro s'est montré ouvertement hostile aux utilisateurs et défenseurs des terres rurales et encourage les propriétaires terriens à recourir à la force meurtrière contre ceux qui rejettent leurs prétentions rapaces. Fait révélateur, il a jeté un regard nostalgique sur la dictature militaire brutale du Brésil.⁵¹

    À la suite de l'élection de M. Bolsonaro, sept ruralistes ont obtenu des postes de premier plan, notamment : la présidente de l'APF de l'époque, Tereza Cristina, en tant que ministre de l'agriculture;⁵² l'ancien directeur juridique de l'APF, Ricardo Salles, en tant que ministre de l'environnement;⁵³ et le membre du caucus rural, Valdir Colatto, en tant que chef du service forestier du Brésil. ⁵⁴ En 2019, l'APF comptait 225 des 513 députés de la Chambre et 32 des 81 sièges du Sénat. ⁵⁵ En outre, "[l]'articulation directe avec l'exécutif, en particulier avec la ministre Cristina, a également aidé à gagner des postes clés dans les commissions permanentes, où les projets de loi qui vont à la plénière de la Chambre sont discutés". ⁵⁶ Selon une étude, de son investiture à septembre 2020, M. Bolsonaro a supervisé au moins 57 lois qui ont affaibli d'une manière ou d'une autre les protections environnementales au Brésil.⁵⁷

    ans les jours et les semaines qui ont suivi son entrée en fonction, l'administration a pris des mesures pour geler certains budgets, dont celui de la FUNAI.⁵⁸ Elle a également gelé le Fonds pour l'Amazonie et le Fonds pour le climat, deux instruments majeurs conçus pour financer des programmes de réduction de la déforestation, des émissions de GEE et du changement climatique.

    En 2019, M. Bolsonaro a tenté (en vain) de faire passer la FUNAI du ministère de la Justice au ministère de l'Agriculture, où, selon les critiques, le lobby de l'agro-industrie exercerait une plus grande influence.⁵⁹ M. Bolsonaro a fait obstruction au système brésilien d'amendes environnementales, l'un des principaux instruments permettant de punir ceux qui déboisent illégalement l'Amazonie. Après avoir attaqué l'IBAMA pour avoir créé une "industrie des amendes", l'administration a réduit son budget et créé des procédures qui retarderaient le paiement des amendes par les personnes reconnues responsables de déforestation illégale - sapant l'effet préventif escompté des amendes et offrant ainsi aux Ruralistas une carte blanche.⁶⁰ "Je ne permettrai pas à l'IBAMA d'infliger des amendes à gauche et à droite, ni à l'ICMBio. La fête est finie', a-t-il déclaré peu après son élection.⁶¹ En février 2019, 21 des 27 surintendants de l'IBAMA ont été limogés.⁶² En mai 2019, le premier ministre de l'Environnement de M. Bolsonaro, Ricardo Salles, a limogé Olivaldi Azevedo en tant que directeur de l'IBAMA, l'agence fédérale d'inspection de l'environnement. ⁶³

    Le 1er novembre 2019, M. Bolsonaro a suggéré que les agents de l'IBAMA "qui bloquent le progrès" soient envoyés dans une base militaire - notoirement connue pendant la dictature militaire brésilienne comme un lieu où les forces de sécurité exécutaient sommairement les prisonniers politiques.⁶⁴ Les agents environnementaux ont encore délivré des milliers d'amendes, mais très peu d'audiences ont eu lieu après août 2020.⁶⁵

    Un décret présidentiel publié le 29 mai 2019 a restructuré le Conseil national de l'environnement (CONAMA). Cette mesure a considérablement réduit le nombre de membres du CONAMA, qui est passé de 96 à 23, a nui à la participation de la plupart des États et a considérablement réduit la présence des municipalités et des groupes de la société civile. Notamment, les membres du conseil représentant la société civile ont été réduits à seulement quatre, contre 22 sièges auparavant.⁶⁶ Et à partir de 2020, l'administration s'est engagée dans de multiples actions et omissions (y compris la restructuration de certaines agences fédérales) visant à rendre la mise en œuvre des stratégies de l'ère Lula irréalisable.⁶⁷

    En mai 2019, le financement discrétionnaire alloué au ministère de l'Environnement a été considérablement réduit. Les programmes affectés négativement comprenaient ceux liés aux politiques de changement climatique, à la prévention et au contrôle des incendies de forêt, aux activités fédérales d'octroi de licences environnementales et au soutien à la conservation.⁶⁸

    Le ministre de l'environnement, M. Salles, a déclaré fin avril 2020 qu'il considérait la pandémie de coronavirus comme une occasion de réduire les restrictions environnementales pendant que l'attention était portée ailleurs. ⁶⁹ En octobre 2020, M. Salles a déposé une requête demandant à un juge d'exiger du secrétaire exécutif de l'Observatoire du climat, Marcio Astrini, qu'il explique les déclarations critiques à l'égard de la politique gouvernementale qu'il a faites lors d'un entretien avec les médias⁷⁰, une mesure apparemment destinée à intimider M. Astrini.⁷¹

    En juin 2021, M. Salles a démissionné, quelques semaines après avoir été pris pour cible par la police fédérale dans le cadre d'une enquête sur son implication dans une mafia présumée d'exploitation forestière illégale en Amazonie.⁷²

    La déforestation a fortement augmenté sous sa direction.⁷³ M. Salles a été remplacé par Joaquim Alvaro Pereira Leite. Ancien fonctionnaire du ministère de l'environnement chargé de la surveillance de l'Amazonie, M. Leite était lié au lobby brésilien de l'agro-industrie. ⁷⁴ En mai 2020, le gouvernement a transféré la surveillance des concessions forestières nationales du ministère de l'environnement au ministère de l'agriculture, ouvrant ainsi la voie au développement commercial dans les zones protégées⁷⁵ Le même mois, le gouvernement a transféré la responsabilité de la direction des efforts de lutte contre la déforestation en Amazonie des agences environnementales aux forces armées, une décision critiquée en raison du manque d'expertise et de formation des militaires.⁷⁶

    Dans l'ensemble, ces actes de sabotage intentionnel ont eu des effets désastreux sur les écosystèmes fragiles du Brésil. Les taux de déforestation ont dépassé les 10 000 km2 par an au cours des deux premières années de l'administration Bolsonaro (soit une augmentation de plus de 30 %).⁷⁷ Après janvier 2019, lorsque le président Bolsonaro a pris ses fonctions, la situation s'est aggravée en termes d'"invasion des terres" et de déforestation. ⁷⁸ En 2021, "la déforestation dans l'Amazonie brésilienne oscillait autour d'un record de 12 ans".⁷⁹ En 2022, les chiffres de la déforestation ont continué à augmenter.

    Même si nous considérons que M. Lula a réussi à réduire le taux de déforestation de 50 % au cours de la première année de son administration, le fait est que ce qui a été perdu au cours des années Bolsonaro pourrait ne jamais être récupéré.

    Et M. Bolsonaro, ses ministres et ses fonctionnaires ne seront pas jugés pour ce qu'ils ont délibérément fait contre l'environnement, entre autres parce qu'il n'existe pas de crime ayant une définition aussi large et adéquate que l'écocide. L'impunité est sciemment l'une des principales raisons de la récidive criminelle.

    L'écocide : un nouvel outil juridique pour défendre l'Amazonie et enrayer le changement climatique

    Les défis internes entravant la capacité du Brésil à sauvegarder son environnement naturel, des outils supplémentaires doivent être envisagés. Le système d'exploitation enraciné ne sera pas résolu facilement ; un changement significatif et durable nécessitera une détermination politique, une transition économique et un changement sociétal. La carotte et le bâton peuvent être nécessaires à parts égales. Mais un bon point de départ serait un nouveau droit pénal qui envoie un message fort en faveur de la protection de notre environnement naturel contre les formes les plus graves de destruction ; un droit qui encourage les défenseurs et déstabilise les contrevenants potentiels, non seulement par des sanctions plus sévères, mais aussi par le poids accru de la condamnation morale. En d'autres termes, une loi qui cible les actes d'"écocide".

    Il existe un mouvement croissant en faveur d'un crime international d'écocide (le soi-disant "cinquième crime") à insérer dans le Statut de Rome de la Cour pénale internationale. Parallèlement, un nombre croissant d'initiatives visent à introduire des lois sur l'écocide dans le droit pénal national, y compris au Brésil.⁸⁰ Les lois sur l'écocide ont le potentiel de changer considérablement la dynamique en Amazonie et d'atténuer les dommages causés à l'environnement au Brésil et dans d'autres pays.

    Le groupe d'experts indépendants pour la définition juridique de l'écocide⁸¹ (le "groupe d'experts") a proposé la définition suivante comme loi internationale potentielle :

    Des actes illicites ou arbitraires commis en connaissance de la réelle probabilité que ces actes causent à l’environnement des dommages graves qui soient étendus ou durables.⁸²

    IS'il était adopté par les États parties en tant qu'amendement au statut de Rome, l'écocide serait le premier droit pénal international à protéger l'environnement naturel en soi, indépendamment des dommages causés à l'homme (les quatre crimes internationaux actuels - crimes de guerre, crimes contre l'humanité, génocide et agression - exigent la preuve de dommages très graves causés à l'homme ou à ses biens). Elle permettrait aux procureurs de cibler les personnes qui causent sciemment des dommages très graves aux forêts, aux sols ou aux rivières, pour autant qu'elles le fassent de manière illégale ou délibérée (c'est-à-dire avec un "mépris inconsidéré pour les dommages qui seraient clairement excessifs par rapport aux avantages sociaux et économiques escomptés")⁸³.

    Le seuil de gravité pour prouver un crime international est (et devrait être) très élevé. La CPI a tendance à s'intéresser aux violations qui "menacent la paix, la sécurité et le bien-être du monde"⁸⁴.

    Ainsi, même en supposant qu'un nouveau crime d'écocide soit ajouté au Statut de Rome, il n'y aura probablement qu'une poignée de scénarios chaque année qui "remplissent les conditions" pour faire l'objet de poursuites. Mais la destruction rampante de la forêt amazonienne pourrait bien être l'un d'entre eux. À mesure que la déforestation progresse (par le feu ou la tronçonneuse), elle se rapproche dangereusement de ce que les scientifiques appellent le "point de basculement". C'est à ce moment-là que la forêt amazonienne perd sa capacité à se remettre des périodes de sécheresse causées par la suppression des forêts, ce qui cause de graves dommages au biome, et finalement la forêt commence à mourir - elle devient une vaste savane.⁸⁵

    Alors que la définition du groupe d'experts laisse une place au développement économique légal et porteur d'avantages sociaux et économiques (s'ils l'emportent sur les dommages), une grande partie de l'accaparement des terres, de la déforestation et de la pollution au Brésil est soit carrément illégale, soit clairement excessive par rapport aux avantages qu'elle procure. Certains des dommages causés à l'environnement naturel sont "graves", c'est-à-dire qu'ils "entraînent des modifications, des perturbations ou des dommages très importants pour tout élément de l'environnement, y compris des incidences graves sur la vie humaine ou les ressources naturelles, culturelles ou économiques"⁸⁶ et une grande partie des dommages sont également "étendus" ou "à long terme", certains d'entre eux menaçant des espèces entières de destruction permanente. Chaque cas dépendra bien sûr des preuves disponibles. Mais il semble probable qu'un procureur de la CPI serait en mesure de rassembler suffisamment de preuves pour satisfaire aux éléments juridiques d'une nouvelle loi sur l'écocide (en appliquant la définition du groupe d'experts).

    Si tel est le cas, les personnes les plus responsables des dommages environnementaux illégaux ou gratuits en Amazonie pourraient faire l'objet de poursuites pénales au niveau international (il convient de noter qu'une nouvelle loi ne s'appliquerait pas rétroactivement). Même en l'absence de poursuites, la simple menace d'une mise en accusation pour un crime international serait susceptible d'attirer l'attention et de modifier le comportement des personnes en position de pouvoir, qu'il s'agisse de la mafia de la forêt tropicale, d'hommes d'affaires ou de politiciens. 

    Une nouvelle loi sur l'écocide au Brésil (en tant que crime national) pourrait également être efficace, en fonction de sa définition. En l'état, la loi actuelle sur les crimes contre l'environnement n'est pas applicable aux formes les plus graves et les plus étendues de dégradation de l'environnement et dépend trop des règles et réglementations administratives (la plupart des lois pénales font référence à des termes, principes, actes et décisions réglementaires).⁸⁷ Si une nouvelle loi brésilienne sur l'écocide était adoptée avec des peines plus lourdes pour les auteurs, et si les procureurs disposaient de pouvoirs suffisants pour l'utiliser correctement, elle ajouterait probablement un outil puissant à l'arsenal des procureurs brésiliens. 

    En outre, la loi brésilienne actuelle sur les crimes contre l'environnement dépend de la preuve de l'existence d'un résultat matériel, ce qui constitue un problème essentiel : les crimes ne peuvent être poursuivis qu'après la survenance de l'événement dommageable. Comme l'a proposé le groupe d'experts, le crime d'écocide est un crime de mise en danger et ressemble à d'autres lois brésiliennes, telles que le crime de gestion imprudente ou déréglée d'une institution financière (article 4 de la loi 7 492/86), qui définit les crimes contre le système financier national. Dans le cas des crimes de mise en danger, la culpabilité peut être établie lorsque l'acteur prend sciemment le risque de causer le dommage (qu'il se produise effectivement ou non). Ce point est important pour les crimes contre l'environnement, car le résultat final dommageable peut se produire de nombreuses années plus tard, et il est alors "trop tard". Ce qui est en jeu, c'est la stabilité de la civilisation humaine, sans parler des milliers d'espèces animales et végétales. Dans ce contexte apocalyptique, où les limites du contrôle administratif et de la prévention sont très évidentes, le bras le plus intrusif du système juridique, le droit pénal, est celui qui est doté du rôle dissuasif qui peut faire face aux dangers qui nous attendent.

    Le droit pénal a le pouvoir de contribuer à changer les attitudes et les mentalités au sein de la société. L'"écocide" est un concept clair et irrésistible, immédiatement compréhensible par les victimes et la population en général - en particulier les populations indigènes et autres populations traditionnelles de l'Amazonie. Si elle est adoptée, la loi sur l'écocide pourrait envoyer un message captivant dans tout le pays : membres de la société civile, universitaires, décideurs politiques, dirigeants d'entreprise, fonctionnaires, juristes, juges, procureurs, etc. Elle pourrait certainement contribuer à changer la façon dont les gens perçoivent leur relation avec l'environnement et la nécessité de préserver le monde naturel. 

    Si le crime d'écocide était introduit dans le Statut de Rome conformément à la définition proposée par le groupe d'experts, il contribuerait certainement à sensibiliser aux nombreux dangers posés par le type de politiques que l'administration Bolsonaro a promu et mis en œuvre au Brésil, et à l'importance cruciale de protéger les biomes nationaux tels que l'Amazonie et le Cerrado, de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d'enrayer le changement climatique. Elle servirait également d'exemple et enverrait un message fort à tous les pays, les incitant à élaborer leurs propres lois nationales sur l'écocide.

    ISi l'écocide figure dans le Statut de Rome, les partenaires commerciaux, les fournisseurs et les financiers pourraient faire l'objet d'une enquête et être poursuivis pour complicité. Là encore, même en l'absence de poursuites et de condamnation, la simple allégation de complicité dans un crime de la même catégorie que les crimes de guerre causerait probablement des dommages considérables à la réputation et éventuellement des préjudices financiers. Les entreprises subissent déjà des pressions pour éliminer les dommages de leurs chaînes d'approvisionnement.⁸⁹ La responsabilité individuelle des dirigeants d'entreprises pour des crimes internationaux pourrait changer la donne.

    Malgré la myriade de défis auxquels est confrontée la protection de l'environnement au Brésil, il existe des outils juridiques nouveaux et émergents qui peuvent être utilisés pour renforcer la défense de la forêt amazonienne et d'autres écosystèmes importants. Un nouveau crime international d'écocide ajouterait une gravité bien nécessaire à l'équation, en contrant l'influence des groupes politiques corrompus et des intérêts commerciaux.

    Les individus responsables de la destruction de l'environnement à grande échelle n'emploient pas la demi-mesure dans la poursuite de leurs objectifs. Il est essentiel que la communauté juridique internationale soit à la hauteur de leur détermination et protège à la fois les personnes et la planète. Une nouvelle loi sur l'écocide représente une possibilité très réelle de contrer l'influence malveillante d'acteurs puissants, de rendre justice aux pires délinquants et de dissuader les autres.

    Pour l'instant, un cycle de violence contre les communautés indigènes et traditionnelles et de destruction de l'environnement semble s'installer au Brésil. Cette situation pourrait être temporairement atténuée maintenant que Bolsonaro a été évincé à la suite de la victoire de Lula aux élections de 2022.

    Il est en effet prometteur que M. Lula ait placé l'environnement et le changement climatique parmi les principales priorités de son administration. Mais le nouveau président prend en charge un pays extrêmement polarisé, avec un congrès partiellement hostile, une économie stagnante qui doit être relancée de toute urgence, et des peuples indigènes et traditionnels qui restent soumis à des pressions et des attaques constantes de la part d'éléments criminels qui ont l'intention de détruire l'Amazonie. En outre, le président Lula doit rétablir tout ce qui a été démantelé pendant les années Bolsonaro (2019-2022), en particulier les agences chargées de mettre en œuvre les politiques de protection de l'environnement et des peuples autochtones en Amazonie (IBAMA, ICMBio et FUNAI). Quel que soit le détenteur du pouvoir au Brésil, il est vital que les défenseurs de l'environnement reçoivent le soutien institutionnel dont ils ont besoin pour protéger certains des points chauds de la biodiversité les plus importants de la planète.

    Notre communication à la CPI sur les crimes d'atrocité en Amazonie (dans le contexte de l'écocide).

    Enfin, le 9 novembre 2022, nous avons soumis une Communication⁹⁰ au Bureau du Procureur ('OTP') de la Cour Pénale Internationale ('CPI') au nom des Utilisateurs et Défenseurs des Terres Rurales qui sont victimes de crimes contre l'humanité présumés. La communication a été déposée par Climate Counsel, Greenpeace Brazil et Observatório do Clima (les "parties requérantes"), soutenus par Greenpeace International, Comissão Pastoral da Terra (CPT), Instituto Zé Claudio e Maria, et Global Witness. Les parties requérantes demandent au procureur de la CPI d'ouvrir une enquête pour approfondir ces crimes. Dans la communication, nous examinons de plus près les atrocités commises contre les populations traditionnelles (autochtones et non autochtones) de l'Amazonie entre 2012 et 2022, en les présentant comme un phénomène collectif, généralisé et systématique.

    Il s'agirait également d'un écocide (s'il y avait un écocide dans le Statut de Rome) car les crimes ont été commis dans le contexte d'une destruction effrénée de l'environnement et des émissions de gaz à effet de serre qui en résultent, contribuant à la crise climatique.

    L'attaque que nous décrivons a été commise par un réseau composé d'acteurs des secteurs public et privé à différents niveaux de la société brésilienne. Il s'agit notamment d'hommes politiques, de fonctionnaires, d'agents des forces de l'ordre, de représentants d'intérêts commerciaux privés et de bien d'autres personnes. Ce réseau a commis des crimes de masse en application d'une politique organisationnelle visant à faciliter la dépossession des terres, l'exploitation des ressources naturelles et la destruction de l'environnement, sans tenir compte de la loi.

    Les preuves démontrent clairement que des crimes contre l'humanité ont été commis et nous espérons que la CPI enquêtera sur cette affaire inédite.

    -

    1 Soumis au Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) le 9 novembre 2022 au nom des victimes de crimes contre l'humanité présumés en Amazonie brésilienne, par Climate Counsel, Greenpeace Brésil et Observatório do Clima, avec le soutien de Greenpeace International, Comissão Pastoral da Terra (CPT), Instituto Zé Claudio e Maria, et Global Witness.

    2 Elle s'applique également en partie au biome Cerrado, où la déforestation est actuellement en hausse. En raison de ses spécificités juridiques et non juridiques, cet article se concentrera sur le biome amazonien.

    3 Constitution de la République fédérative du Brésil, 1988, articles 174 et 231.

    4 Constitution, article 231, paragraphe 8.

    5 Constitution, article 129.

    6 Constitution, article 215.

    7 Constitution, article 216.

    8 Voir Constitution, article 231 ; loi sur les dispositions constitutionnelles transitoires de 1988, article 67. Nb. Cette question a été abordée et limitée par des lois ultérieures.

    9 Constitution, article 176.

    10 Constitution, articles 20, 22, 49, 109.

    11 Constitution, article 225.

    12 International Comparative Legal Guides, Environment & Climate Change Law 2019, Londres : Global Legal Group Ltd, et Sao Paulo : Machado Meyer Advogados, 2019.

    13 International Comparative Legal Guides, Environment & Climate Change Law 2019, Londres : Global Legal Group Ltd, et Sao Paulo : Machado Meyer Advogados, 2019 ; loi fédérale n° 6938 de 1981.

    14 International Comparative Legal Guides, Environment & Climate Change Law 2019, Londres : Global Legal Group Ltd, et Sao Paulo : Machado Meyer Advogados, 2019.

    15 International Comparative Legal Guides, Environment & Climate Change Law 2019, Londres : Global Legal Group Ltd, et Sao Paulo : Machado Meyer Advogados, 2019.

    16 International Comparative Legal Guides, Environment & Climate Change Law 2019, Londres : Global Legal Group Ltd, et Sao Paulo : Machado Meyer Advogados, 2019.

    17 Loi fédérale n° 9605 de 1998.

    18 Loi fédérale n° 12 651 de 2012, article 12.

    19 Loi fédérale n° 12 651 de 2012, articles 17, 20-24.

    20 Rights and Resources Initiative, Brésil, mai 2012.

    21 Sue Branford et Thais Borges, "Brazil on the precipice : from environmental leader to despoiler (2010-2020)", Mongabay, 23 décembre 2019.

    22 Human Rights Watch, Rainforest Mafias, Glossaire ("L'"Amazonie" brésilienne fait référence à la zone connue sous le nom d'"Amazonie légale" en vertu de la loi 1806/1953, qui comprend les États d'Acre, d'Amapá, d'Amazonas, du Mato Grosso, de Pará, de Rondônia, de Roraima, de Tocantins, et la partie occidentale de Maranhão").

    23 Rights and Resources Initiative, Brésil, mai 2012.

    24 Loi fédérale 9985 de 2000, article 18 ; Constitution, article 231 ; décret fédéral 6040 de 2007 ; voir également HRW, Rainforest Mafias, pp 26-27.

    25 HRW, Rainforest Mafias, Glossaire.

    26 HRW, Rainforest Mafias, p 29.

    27 HRW, Rainforest Mafias, p 28.

    28 Human Rights Watch, "Brazil's Amazon-and Its Defenders-Are Under Attack From Illegal Loggers", 15 novembre 2019 (publié dans Foreign Policy).

    29 Amnesty International, Brésil : Police Killings, Impunity, and Attacks on Defenders, Submission for the UN Universal Periodic Review, 27th Session of the UPR Working Group, mai 2017. 31 Global Witness, On Dangerous Ground : 2015's Deadly Environment : The Killing and Criminalization of Land and Environmental Defenders Worldwide, juin 2016.

    32 Deloitte Insights, Brésil : Recovery in Sight, 27 septembre 2021.

    33 Laura Bridgeman, "Amazon Deforestation : Causes, Effects, Facts, and How to Stop It', Sentient Media, 4 novembre 2020.

    34 "Participação do agronegócio no PIB é a maior em 13 anos, estima CNA", G1 Globo, 5 décembre 2017 ; "Pecuária e Abastecimento, Agropecuária puxa o PIB de 2017", Ministério da Agricultura, 4 décembre 2017 ; Luis Nassif, "O poder político do agronegócio", GGN - O Jornal de Todos os Brasis, 4 octobre 2011.

    35 Meredith Hutchison, Sue Nichols, Marcelo Santos, Hazel Onsrud, Silvane Paixao, "Demarcation and Registration of Indigenous Lands in Brazil", Department of Geodesy and Geomatics Engineering University of New Brunswick, Canada, mai 2006.

    36 Meredith Hutchison, Sue Nichols, Marcelo Santos, Hazel Onsrud, Silvane Paixao, 'Demarcation and Registration of Indigenous Lands in Brazil', Department of Geodesy and Geomatics Engineering University of New Brunswick, Canada, May 2006.

    37 Centre pour la recherche forestière internationale (CIFOR), "Land-use trends and environmental governance policies in Brazil : Paths forward for sustainability", document de travail 171, 2014.

    38 Amazon Watch, Complicité dans la destruction : How Northern Consumers and Financiers Sustain the Assault on the Brazilian Amazon and its Peoples, Part I, 11 septembre 2018.

    39 Global Witness, Deadly Environment : The Rise in Killings of Environmental and Land Defenders : 1er janvier 2002 au 31 décembre 2013, 2014.

    40 HRW, Rainforest Mafias, pp 29-30.

    41 Alessandra Cardoso, 'Orçamento 2018 : Funai respira, mas não se recupera', Institut d'études socio-économiques (INESC), 1er octobre 2018.

    42 Bárbara Libório, "Com orçamento em queda, Funai gasta R$ 12 por índio am 2017", Amigos da Terra - Amazonia Brasileira, 31 octobre 2017.

    43 Plataforma DHESCA Brasil, Relatório sobre o impacto da política econômica de austeridade nos direitos humanos, novembre 2017, p 23 ; 'Brazil 2017 : environmental and indigenous rollbacks, rising violence', Mongabay, 27 décembre 2017.

    44 "Brazil's indigenous people outraged as agency targeted in conservative-led cuts", The Guardian, 10 juillet 2017 ; "Amazon protectors : Brazil's indigenous people struggle to stave off loggers', Reuters, 6 juin 2017.

    45 Global Witness, À quel prix : les entreprises irresponsables et le meurtre de défenseurs de la terre et de l'environnement en 2017, 2018, p 23.

    46 Global Witness, À quel prix : les entreprises irresponsables et le meurtre de défenseurs de la terre et de l'environnement en 2017, 2018, p 23.

    7 Voir, par exemple, Alceu Luis Castilho, 'A Serpente Fora do Ovo : A Frente do Agronegocio e o Supremacismo Ruralista', 12 Okara : Geografia em Debate (2018), pp 699-707.

    48 " Global markets help sustain political power of agribusiness lobby in Brazil's congress ", Earthsight, 25 septembre 2018.

    49 Amazon Watch, Complicity in Destruction : How Northern Consumers and Financiers Sustain the Assault on the Brazilian Amazon and its Peoples, Part I, 11 septembre 2018.

    50 Amazon Watch, Complicité dans la destruction : How Northern Consumers and Financiers Sustain the Assault on the Brazilian Amazon and its Peoples, Part I, 11 septembre 2018.

    51 Sue Branford et Thais Borges, " Brazil on the precipice : from environmental leader to despoiler (2010-2020) ", Mongabay, 23 décembre 2019.

    52 Amazon Watch, Complicity in Destruction : How Northern Consumers and Financiers Sustain the Assault on the Brazilian Amazon and its Peoples, Part II, 25 avril 2019.

    53 Amazon Watch, Complicité dans la destruction : How Northern Consumers and Financiers Sustain the Assault on the Brazilian Amazon and its Peoples, Part II, 25 avril 2019 ; Anna Jean Kaiser, " Brazil environment chief accused of "war on NGOs" as partnership paused ", The Guardian, 17 janvier 2019.

    54 Jenny Gonzales, " New appointments, new policies don't bode well for Brazilian Amazon ", Mongabay, 4 février 2019.

    55 Bruno Bassi, " Le nouveau visage du Caucus ruraliste ", Heinrich Böll Stiftung, Rio de Janeiro, 13 novembre 2019 ; Amazon Watch, Complicity in Destruction : How Northern Consumers and Financiers Sustain the Assault on the Brazilian Amazon and its Peoples, Part II, 25 avril 2019. 

    56 Bruno Bassi, " Le nouveau visage du Caucus ruraliste ", Heinrich Böll Stiftung, Rio de Janeiro, 13 novembre 2019. 

    57 Katie Surma, " Bolsonaro should be tried for crimes against humanity, Indigenous leaders say ", NBC News (en partenariat avec Inside Climate News), 24 juin 2021 ; Mariana Valea, Erika Berenguerd, Marcio Argollo de Menezesf, Ernesto Viveiros de Castro, Ludmila Pugliese de Siqueira, Rita de Cassia Portela, " The COVID-19 pandemic as an opportunity to weaken environmental protection in Brazil ", Biological Conservation, 2021.

    58 Commission ARNS, Note informative au Procureur : Cour pénale internationale en vertu de l'article 15 du Statut de Rome demandant un examen préliminaire sur l'incitation au génocide et les attaques systématiques généralisées contre les peuples autochtones par le président Jair Messias Bolsonaro au Brésil, novembre 2019, paragraphe 33 ; All Rise, Communication en vertu de l'article 15 du Statut de Rome de la Cour pénale internationale concernant la commission de crimes contre l'humanité à l'encontre de dépendants et de défenseurs de l'environnement dans l'Amazonie légale brésilienne de janvier 2019 à aujourd'hui, perpétrés par le président brésilien Jair Messias Bolsonaro et des acteurs principaux de son administration ancienne ou actuelle, octobre 2021, paragraphes 387, 388 et n 445.

    59 Département d'État américain, Human Rights Report, Brazil 2019, Section 5 Governmental Attitude Regarding International and Nongovernmental Investigation of Alleged Abuses of Human Rights.

    60 Human Rights Watch, " Rainforest Destruction in Brazil's Amazon Is a Public Security Emergency ", 4 février 2020 (publié dans Fonte Segura) ; Human Rights Watch, " Brazil's Own Data Shows Amazon Fines Unenforced ", 22 mai 2020 ; Human Rights Watch, " Amazon Penalties Suspended Since October ", 20 mai 2020.

    61 Jake Spring, " Brazil's Bolsonaro obstructs environmental fines key to protecting Amazon ", Reuters, 2 juillet 2021.

    62 Commission ARNS, Note d'information au Procureur, para 34.

    63 Brian Garvey & Mauricio Torres, " Brazil's Jair Bolsonaro is devastating indigenous lands, with the world distracted ", The Conversation, 30 mai 2020.

    64 Human Rights Watch, 'Brazil's Amazon-and Its Defenders-Are Under Attack From Illegal Loggers, 15 novembre 2019 (publié dans Foreign Policy).

    65 Human Rights Watch, " Événements brésiliens de 2020 ", Rapport mondial 2021, 2021.

    66 Commission de l'ARNS, Note informative au procureur, paragraphe 37 (faisant référence au décret présidentiel n° 9806/2019).

    67 Voir Distribuição urgente e por dependência à Excelentíssima Senhora Ministra Rosa Weber - ADO no 59, ADPF no 747 e ADPF no 755, paragraphes 99-102.

    68 Commission ARNS, Note d'information au Procureur, para 38.

    69 Ernesto Londoño, Manuela Andreoni et Letícia Casado, " Amazon Deforestation Soars as Pandemic Hobbles Enforcement ", New York Times, 6 juin 2020 ; Katie Surma, " Bolsonaro should be tried for crimes against humanity, Indigenous leaders say ", NBC News (en partenariat avec Inside Climate News), 24 juin 2021.

    70 Human Rights Watch, "Stop Harassing Environmental Defenders", 16 octobre 2020. 

    71 Human Rights Watch, " Brazil Events of 2020 ", Rapport mondial 2021, 2021. 

    72 Samantha Pearson, " Brazilian Environment Minister Ricardo Salles Steps Down Amid Illegal Logging Probe ", Wall Street Journal, 23 juin 2021. 

    73 Bryan Harris & Michael Pooler, "Resignation of Brazil environment minister cheered by activists", Financial Times, 23 juin 2021. 

    74 Oliver Stuenkel, " Bolsonaro's Turmoil Could Be the Amazon's Gain ", Americas Quarterly, 1er juillet 2021. 

    75 Ernesto Londoño, Manuela Andreoni et Letícia Casado, " Amazon Deforestation Soars as Pandemic Hobbles Enforcement ", New York Times, 6 juin 2020. 

    76 Human Rights Watch, 'Brazil Events of 2020', World Report 2021, 2021 ; Département d'État américain, Human Rights Report, Brazil 2020, Section 6. Discrimination, abus sociétaux et traite des personnes : Indigenous People ; Ernesto Londoño, Manuela Andreoni, et Letícia Casado, 'Amazon Deforestation Soars as Pandemic Hobbles Enforcement', New York Times, 6 juin 2020. 77 Laura Bridgeman, ‘Amazon Deforestation: Causes, Effects, Facts, and How to Stop It’, Sentient Media, 4 November 2020.

    78 Juanita Rico, " Bolsonaro's empty climate promises for Brazil ", Open Democracy, 23 octobre 2021. 

    79 Anthony Boadle, " Brazil to step up its climate goals at COP26, says negotiator ", Reuters, 26 octobre 2021. 

    80 Fondation Stop Ecocide, 'Breaking news and press releases & Press releases', disponible sur https://www.stopecocide.earth/press-releases. 

    81 "Independent Expert Panel for the Legal Definition of Ecocide", Ecocide Law, disponible à l'adresse https://ecocidelaw.com/independent-expert-drafting-panel/. Le groupe d'experts indépendants a été convoqué par la fondation Stop Ecocide en 2021 et a publié une proposition de définition internationale de l'écocide à la suite d'une consultation publique en juin 2021. 

    82 Stop Ecocide International, "Legal Definition of Ecocide", juin 2021. 

    83 Stop Ecocide International, "Legal Definition of Ecocide", juin 2021. 

    84 Statut de Rome de la Cour pénale internationale, préambule. 85 Chris A. Boulton, Timothy M. Lenton & Niklas Boers, ‘Pronounced loss of Amazon rainforest resilience since the early 2000s’, Nature Climate Change, vol. 12, March 2022, 271–278.

    85 Chris A. Boulton, Timothy M. Lenton & Niklas Boers, 'Pronounced loss of Amazon rainforest resilience since the early 2000s', Nature Climate Change, vol. 12, March 2022, 271-278.

    86 Stop Ecocide International, "Legal Definition of Ecocide", juin 2021. Cette définition prend en compte les attaques contre les communautés indigènes ou traditionnelles.

    87 Voir par exemple : Art. 29, "tuer, poursuivre, chasser, attraper, utiliser des spécimens de la faune sauvage, indigène ou en voie de migration, sans la permission, la licence ou l'autorisation appropriée de l'autorité compétente, ou en désaccord avec ce qui a été obtenu" ; art. 38, "détruire ou endommager une forêt considérée de conservation permanente, même si elle est en formation, ou l'utiliser en violation des règles de protection" ; art. Art. 40, "causer des dommages directs ou indirects aux unités de conservation et aux zones visées à l'art. 27 du décret n° 99.274 du 6 juin 1990, quelle que soit leur localisation" ; Art. 44, "extraire des forêts du domaine public ou des forêts considérées comme étant de conservation permanente, sans autorisation préalable, de la pierre, du sable, de la chaux ou tout type de minerai" ; Art. 51, "vendre des tronçonneuses ou les utiliser dans les forêts et autres formes de végétation, sans licence ou enregistrement de l'autorité compétente". 88 ADPF 708, STF, Brésil.

    89 "Companies are underestimating the risks of deforestation in their commodities supply chains" (Les entreprises sous-estiment les risques de déforestation dans leurs chaînes d'approvisionnement), Mongabay, décembre 2016.

  • Dear Chief Prosecutor Khan

    ClientEarth welcomes this policy initiative to advance accountability for environmental crimes under the Rome Statute. ClientEarth is a global NGO using the power of law to restore balance between people and the planet. Our work repeatedly demonstrates that our legal systems – at all levels of governance – need to shift if the law is going to play its crucial role in the environmental transition. It is vital that international criminal law be part of this shift. Advancing accountability for environmental crimes in international criminal law would fill a gap in the legal framework concerning environmental destruction; and send a strong message to those who would engage in such destruction that they will not enjoy impunity, however powerful they may be. We look forward to reading your draft policy paper.

    Yours sincerely,

    Laura Clarke OBE

 

"Une proposition visant à modifier le statut, en ajoutant l'écocide (par exemple, sur la base de la définition du groupe d'experts indépendants en juin 2021) comme cinquième crime, marquerait une étape importante dans la protection du monde vivant qui nous nourrit.

"Je ne cesse d'entendre le secteur réclamer des règles du jeu équitables en ce qui concerne les lois de protection de la nature, car le cadre réglementaire actuel ne correspond pas du tout aux besoins.

"En effet, la défense de l'environnement et du climat par le droit en général, et à l'aide du droit pénal international en particulier, revêt une importance croissante dans le contexte d'une crise écologique planétaire multidimensionnelle qui s'intensifie".

"Nous félicitons le Bureau du Procureur d'avoir reconnu l'urgence de s'attaquer aux crimes contre l'environnement. Cependant, nous devons reconnaître les limites du Statut de Rome pour aborder efficacement les complexités de la destruction de l'environnement et du changement climatique".

  • Au Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI).

    Concernant la politique en matière de crimes contre l'environnement - à l'appui d'un amendement portant sur l'écocide

    Votre honorable Karim A.A. Khan KC, Mesdames et Messieurs,

    Nous, représentants d'organisations œcuméniques nordiques, saluons l'initiative politique du Bureau du Procureur et son objectif de faire progresser l'obligation de rendre des comptes pour les crimes contre l'environnement. Parmi les résultats possibles de ce processus, nous souhaitons exprimer notre soutien inconditionnel à l'ajout des crimes contre l'environnement, au même titre que l'écocide, en tant que cinquième crime dans le Statut de Rome.

    La protection de la création est au cœur de la vocation des Églises. Prendre soin de la création, c'est favoriser de bonnes conditions de vie et limiter les comportements humains destructeurs. Le droit étant une méthode efficace pour une telle restriction, les questions juridiques deviennent pertinentes pour nous en tant que communautés religieuses.

    L'immense préjudice causé à la nature à l'échelle mondiale montre clairement que l'exploitation et la destruction transfrontalières de l'environnement ne sont pas traitées de manière adéquate dans le droit international. Le processus de révision actuel offre une énorme possibilité de réduire cette lacune. Nous sommes conscients de l'énorme complexité dans laquelle le Bureau du Procureur doit naviguer dans cette initiative politique. Cependant, en tant qu'églises, nous voulons vous encourager, ainsi que toutes les parties au statut de Rome de la CPI, à envisager la possibilité de sauvegarder davantage la nature dont nous faisons partie et dont nous dépendons.  

    Une loi sur l'écocide dans le cadre du statut de Rome est réclamée par de larges pans de la société, depuis d'innombrables acteurs civils comme le Conseil œcuménique des Églises jusqu'à des organisations financières comme l'International Corporate Governance Network (ICGN). En effet, une telle loi contribuerait à protéger les personnes et la nature dans les pays où les lois nationales sont insuffisantes et à créer une frontière mondiale commune - dans l'intérêt des personnes, de la nature et des entreprises.  

    Une proposition visant à modifier le statut, en ajoutant l'écocide (par exemple, sur la base de la définition du groupe d'experts indépendants en juin 2021) comme cinquième crime, marquerait une étape importante dans la protection du monde vivant qui nous nourrit. Nous vous invitons à réfléchir à cet héritage et à cette opportunité.

    Avec mes vœux cordiaux et mes bénédictions pour votre service pour le bien commun,

    Mayvor Wärn-Ranken, GS Conseil œcuménique de Finlande

    Sofia Camnerin, GS Conseil chrétien de Suède

    Erhard Hermansen, GS Conseil chrétien de Norvège

    Emil Bjørn Hilton Saggau, Église verte du Danemark

  • En soutien à XR :

    Cher Bureau du Procureur, je voudrais soutenir les commentaires de Gail et évoquer brièvement le point de vue de la communauté des affaires sur cette question.

    Business Declares représente des entreprises de tous secteurs et de toutes tailles, des PME aux grandes organisations telles que le Financial Times, Triodos Bank et Ecosia. Nous sommes signataires de la campagne Stop Ecocide et notre récente campagne Queue for Climate and Nature a permis à plusieurs milliers d'entreprises de signer une lettre qui a été présentée au Parlement par le (désormais ancien) député Chris Skidmore, ainsi qu'une livraison directe au No10.

    Les entreprises ont encore un long chemin à parcourir pour bien comprendre le rôle qu'elles doivent jouer dans la sauvegarde des systèmes dont dépendent leurs activités - j'entends par là les systèmes écologiques et la capacité de charge de la planète - mais le rythme de cette compréhension et des actions qui en découlent s'accélère. Il est clair que les entreprises veulent faire partie de la solution, mais j'entends régulièrement le secteur réclamer des "règles du jeu équitables" en ce qui concerne les lois visant à protéger la nature, parce que le cadre réglementaire actuel ne correspond pas du tout à ce qui est nécessaire. C'est pourquoi nous avons besoin de cette loi - pour permettre aux entreprises de faire les bons choix en matière de protection de la nature, en sachant que les entreprises qui font les mauvais choix ne pourront pas le faire en toute impunité.

    Bien entendu, l'importance de cette loi va bien au-delà du secteur des entreprises, car, comme le dit Gail, les générations futures de toutes les formes de vie en dépendent. Au nom de Business Declares, j'espère, comme Gail, que vous pourrez proposer que cette loi soit ajoutée de toute urgence aux Statuts de Rome.

    Je vous prie d'agréer, Madame, Monsieur, l'expression de mes salutations distinguées,

    Ben Tolhurst Directeur, Business Declares

  • Monsieur le Procureur de la Cour pénale internationale,

    Votre initiative de publier un nouveau projet de politique générale visant à établir les responsabilités pour les crimes environnementaux pertinents du Statut de Rome est bienvenue et

    présente des prémisses importantes pour atteindre les objectifs proposés.

    1. En effet, la défense de l’environnement et du climat par le droit en général, et avec l’aide du droit pénal international en particulier, revêt une importance croissante dans le contexte d’une crise écologique planétaire multidimensionnelle qui s’intensifie. Le changement climatique, l'érosion de la biodiversité et la pollution généralisée, avec leurs conséquences présentes et futures, mettent en danger l'existence même de l'humanité en tant qu'espèce parmi les espèces, et la sécurité de la planète entière. La deuxième conférence mondiale de l'AIDP (Association Internationale de Droit Pénal) consacrée à « la protection de l'environnement par le droit pénal » (Bucarest, mai 2016) a révélé le rôle et la place du droit pénal dans la protection de l'environnement et a notamment soulevé la question de l'implication du droit international pénal dans la résolution du nouveau paradigme de protection de l'environnement et du climat, établi par l'Accord de Paris (2015). Dans ce contexte de préoccupations, la précision des obligations des États en matière de changement climatique, consacrés par l'avis consultatif de la Cour internationale de Justice (CIJ) requis par la résolution 77/276 du 29 mars 2023 de l’Assemblée générale des Nations Unies, marquera une avancée significative.

    Parallèlement, la généralisation de la jurisprudence nationale, mais aussi celle de certaines juridictions internationales pour condamner les États pour manquement à leurs obligations en matière de lutte contre le réchauffement climatique, structure l'émergence d'une obligation des pouvoirs publics d'agir pour atténuer le changement climatique et augmenter la résilience et l’adaptation à ses effets.

    De plus en plus d'initiatives scientifiques ont produit et publié des rapports pertinents sur le sujet [comme dans l'espace francophone, le Groupe de 16 juristes internationaux, auteurs de l'ouvrage : L. Neyret (dir.), Des écocrimes à l'écocide. Le droit pénal au secours de l’environnement, 2015], et un Groupe international d'experts indépendants (animé par « StopEcocid ») a proposé une définition internationale de l'écocide dans un projet d'amendement du Statut de Rome visant à inclure dans le champ de compétence matérielle de la CPI cette nouvelle infraction autonome (2022).

    Dans le contexte de l’offensive des applications de l’intelligence artificielle (IA), y compris dans le domaine militaire, et de leurs implications dans le processus décisionnel, il est également nécessaire d’analyser les risques d’atteinte à l’environnement en cas de conflit armé.

    La criminalité environnementale étant devenue la troisième forme de criminalité la plus lucrative au monde et étant souvent liée à d’autres formes de criminalité telles que la corruption et le blanchiment d'argent, de multiples initiatives encouragent une réponse adéquate des États.

    La résolution de l'ONU du 16 octobre 2020 a incité les États parties à la Convention des Nations Unies contre la criminalité organisée à enquêter sur le blanchiment de la criminalité transnationale organisée affectant l'environnement, tandis que la Déclaration de Kyoto du 12 mars 2021 a invité les États à « prévenir et combattre les crimes qui portent atteinte à l’environnement » et notamment à « lutter contre la criminalité transnationale organisée, la corruption et le blanchiment d'argent liés à ces formes de criminalité, ainsi que contre les flux financiers illicites qui en découlent » (point 87).

    Enfin, une résolution de l'Assemblée générale des Nations Unies du 16 décembre 2021, a rappelé « le rôle central joué par les États dans la prévention de la corruption en relation avec les délits (environnements) et dans la lutte contre ce phénomène ».

    On assiste ainsi à un mouvement constant et ascendant de « pénalisation » des dommages causés à l’environnement de manière relativement conjuguée qui se manifeste au niveau du droit international, du droit international régional (notamment le droit de l’Union européenne) et des droits nationaux.

    Aux tendances enregistrées dans le contexte international s'ajoute la préoccupation évidente d'établir un nouveau droit pénal européen de l'environnement, à travers la révision de la directive 2008/99/CE et l'établissement d'un nouveau régime répressif pour les atteintes graves à l'environnement. La directive attendue révèle notamment la dimension européenne de la réaction pénale en matière d'environnement et de climat et l'intérêt d'une éventuelle extension du champ de compétence du Parquet européen en matière d'impacts graves sur l'environnement.

    Par ailleurs, un mouvement de criminalisation des actes « comparables à l'écocide » (accord du Parlement européen (PE) du 27 février) est en cours. Notons enfin la poursuite du processus de criminalisation de l'écocide dans les droits internes des États (le dernier étant l’inscription de ce crime, le 22 février de cette année, dans le Code pénal belge).

    2. Dans un tel contexte d'évolution en la matière, nous estimons qu'un document de politique générale détaillé sur les délits environnementaux, destiné à favoriser une approche systématique de leur lutte, devrait avant tout proposer :

    A. une analyse approfondie et pertinente de « l’état des choses » ;

    B. une évaluation réaliste de la situation existante d'un point de vue juridique (de lege lata) ;

    C. une prévision adéquate des développements possibles et des progrès probables (de lege ferenda) et

    D. des conclusions finales.

    3. A. Prémisses générales au regard des réalités écoclimatiques. Nous constatons : – la cristallisation émergente d’un consensus général sur les réalités écoclimatiques, justifié par le sérieux et par conséquent l’urgence d’agir, face aux crises écologiques planétaires conjuguées et interdépendantes (climat/biodiversité/pollution profonde) d’origine anthropique, et s’appuyant sur un consensus scientifique (quasi) unanime, fondé sur un effort et une démarche d'expertise permanente et institutionnalisée (exprimée par les rapports périodiques et spécialisés du GIEC et de l'IPBES), un consensus politique (en qualifiant le changement climatique de « crise existentielle » et la reconnaissance officielle d'« urgence climatique » (par le PE et par des dizaines de parlements nationaux) et l’autre juridique (principalement par la jurisprudence et la doctrine pertinentes) ;

    • une action civique cohérente et une acceptabilité sociale accrue de l’acceptation et de la conscience du caractère dangereux et risqué des actions humaines envers l’environnement et le climat, qui prédisposent à une attitude multidimensionnelle de prévention et de réduction des causes et de réparation des effets associés ;

    • la résurgence dans la vie internationale de conflits militaires de grande ampleur, aux conséquences destructrices majeures sur l'environnement et à l’impact mondial (selon un rapport du ministère du ministère ukrainien de l'environnement, fin 2023, la guerre a provoqué 60 milliards de dollars de dégâts sur l’environnement ;

    les incendies ont détruit environ 20% de la superficie forestière du pays et les mines sont dispersées sur une superficie d'environ 10 000 kilomètres carrés).

    B. Implications et aspirations juridiques et institutionnelles. Au niveau des constatations du droit général (réglementation institutionnelle), il est requis de :

    • souligner l'importance et l'efficacité de la construction d'une réaction juridico-pénale spécifique à la criminalité écoclimatique, bien structurée, articulée, corrélée et complémentaire aux niveaux national, international et régional ;

    • démontrer l'insuffisance et la relative inadéquation du cadre juridique international existant, à commencer par le Statut et l'activité jusqu'à présent, basée sur celui-ci, de la CPI en matière de répression pénale des dommages graves à l'environnement, au climat et, en conséquence, à l’équilibre écologique planétaire ;

    • souligner le rôle (croissant) du juge dans le développement créatif du droit pénal en tant qu'outil de protection de l'environnement et du climat, et souligner la contribution de la jurisprudence à son progrès, dans le contexte de « l'explosion » des litiges environnementaux et climatiques ;

    • souligner la dimension régionale et internationale des conséquences des impacts environnementaux et la nécessité d'une réponse pénale consolidée et appropriée ;

    • imposer la conclusion qu'une politique cohérente en la matière signifie non seulement une réglementation matérielle adéquate, mais également une organisation judiciaire suffisamment pertinente, tant au stade de l'enquête que du procès (poursuites et juridiction effective) ;

    Conclusions générales. Nous estimons qu’il convient de reconnaître la nécessité de :

    • consolider et adapter le système complexe de réaction pénale existant, ajuster les ressources disponibles et être plus ouvert et plus rapide dans l'accueil et l'expression juridico- institutionnelle des nouvelles exigences et des défis essentiellement écoclimatiques ;

    • interpréter et appliquer le Statut de Rome de manière à admettre les questions environnementales à l'aide du texte existant ; rappeler que le traité est orienté dans son état actuel vers les cas les plus graves de blessures aux personnes ou de dommages causés à ces personnes et à leurs biens dans le contexte d'une attaque généralisée et systématique ;

    • en l’état aucune protection explicite de l'environnement n'est offerte, à l'exception des dispositions de l'art. 8.2.b.IV qui ne s’applique qu’en état de guerre et dont le seuil est difficile à atteindre ;

    • considérer que « l'écocide » ne se limite pas au temps de guerre et peut prendre de nombreuses formes, qui ne nuisent pas toutes directement aux personnes, même si elles finissent par le faire ;

    • dépasser la conception et la vision profondément anthropocentriques du Statut de Rome et de s'ouvrir, autant que possible, à l'environnement.

    C. Perspectives prévisibles et progrès possibles. Nous recommandons :

    – des amendements statutaires et de nouvelles procédures procédurales plus adaptées et augmentant l'efficacité de la base réglementaire incriminante et de la compétence juridictionnelle offertes par le Statut de Rome ;

    – la criminalisation et la répression d'une catégorie particulière de crimes environnementaux internationaux, ayant en son centre l'autonomie de l'écocide ;

    – la mise en place d'un cadre juridictionnel institutionnel adéquat pour la recherche, l'instrumentation et le jugement des crimes environnementaux et climatiques de haut niveau (expertise, procureur et juridiction sous des formes hautement spécialisées) ;

    – l'initiation d'un processus général visant à repenser le droit pénal international de l'environnement, dans le sens de sa transformation en un droit de protection de l'environnement et du climat, avec un dispositif de criminalisation approprié et un cadre juridictionnel adéquat pour assurer l'application visée à garantir l'impératif d'assurer les conditions de la persistance de la formule actuelle de vie sur la planète et de l'affirmation de la civilisation humaine.

    D. Conclusions finales. Du strict point de vue de l’objectif proposé par l’élaboration du nouveau projet de politique générale soumis au débat public, nous pensons qu’il est essentiel de :

    – saluer cette approche, en elle-même, comme un signe du sérieux avec lequel le Procureur de la CPI entend accorder une attention accrue à la criminalité environnementale et à la répression pénale qui y est associée ;

    – saluer la reconnaissance, reflétée également dans la stratégie envisagée, des limites actuelles du Statut de Rome quant à la réalité de la gravité et des dangers associés à la grave destruction de l'environnement et à la mise en danger du système climatique ;

    – recommander la poursuite du processus d'automatisation du crime international d' écocide, en tenant compte notamment de :

    (a) la découverte, la prévention et la sanction des impacts les plus graves sur l'environnement (y compris le climat) en tout lieu et à tout moment (en temps de paix ou de guerre) ;

    (b) la création d'un dispositif juridique (normatif et institutionnel) adapté et efficace pour la défense de l'humanité en tant qu'« espèce parmi les espèces » en maintenant les conditions d'« habitabilité » de la planète.

    4. La question écologique dans sa multidimensionnalité et sa complexité, qui commence par le changement climatique, n'est plus un simple défi lointain et d’intérêt subsidiaire, marginal et de groupe, mais une urgence globale, absolue, d'intérêt vital, essentiellement une priorité de la communauté mondiale, y compris d’un point de vue juridique, normatif et actionnel. Les thématiques écoclimatiques et la pollution mondiale (produits chimiques, plastiques, etc.) demeurent parmi les rares thématiques qui rencontrent un consensus général d’approche et sont sujettes à une réglementation et une coopération internationale. Dans le contexte de réajustement accéléré et radical de l’ordre international, marqué par la réapparition des conflits militaires majeurs ayant un impact profond sur l’environnement comme la guerre en Ukraine et la manifestation des enjeux géopolitiques du changement climatique, la composante environnement et climat devient un aspect indispensable de tout problème mondial et appelle des solutions adéquates pour le résoudre. La réaction juridique, notamment pénale, nécessite des adaptations et des développements appropriés.

    l'initiative du Bureau du Procureur de la CPI et les consultations y afférant peuvent constituer une première opportunité pour discuter, dans un tel cadre, de l'impératif de la prédominance du principe de responsabilité pour les crimes environnementaux en général, et ceux prévus par la Statut de Rome en particulier. Elles peuvent aussi être un moment de réflexion sur la nécessité d'une nouvelle révolution dans l'évolution du droit pénal international, comme celle envisagée par V.V. Pella en 1925 (La criminalité collective des États et le droit pénal de l'avenir), par la proposition de criminaliser la guerre comme « le crime international le plus grave », suivie par le projet d’une juridiction pénale internationale (qui a finalement donné naissance à la CPI), cette fois en ajoutant une autre tout aussi grave et punissable, celle de l'écocide, et ainsi enrichir la réponse pénale en l'étendant à la défense de nouvelles valeurs, comme la sécurité de la planète et la forme actuelle de la vie sur Terre.

    En vous souhaitant le plein succès dans vos efforts, je vous assure, Monsieur le Procureur, du soutien de l'École roumaine de droit pénal international et de moi-même personnellement.

    Prof. univ. dr., dr. hc. Mircea Duțu

    Président de l'Université Écologique de Bucarest

    Directeur de l'Institut de Recherches Juridiques de l'Académie Roumaine

  • Commentaire sur la politique du Bureau du Procureur en matière de crimes contre l'environnement par Youth for Ecocide Law et World's Youth for Climate Justice

    En tant que jeunes défenseurs de la justice environnementale, climatique et sociale, nous apprécions l'opportunité de fournir des commentaires sur le document de politique environnementale à venir du Bureau du Procureur (BdP) de la Cour pénale internationale (CPI). Nous saluons cette initiative et l'opportunité d'une consultation précoce. Nous espérons que cette politique globale permettra d'établir une compréhension commune et fondamentale des crimes contre l'environnement et qu'elle deviendra un outil significatif pour la responsabilité et la transparence. Dans notre quête d'une justice environnementale pour les générations actuelles et futures, nous pensons qu'il est impératif d'explorer les possibilités pour la CPI de s'attaquer aux crimes contre l'environnement et de faire face aux lacunes du cadre juridique actuel dans la lutte contre les menaces les plus graves qui pèsent sur notre environnement.

    Reconnaître les progrès et les limites :

    Nous félicitons le Bureau du Procureur d'avoir reconnu l'urgence de s'attaquer aux crimes contre l'environnement. Cependant, nous devons reconnaître les limites du Statut de Rome pour aborder efficacement les complexités de la destruction de l'environnement et du changement climatique. Alors que le Statut est conçu pour traiter les crimes les plus graves contre l'humanité, il manque de dispositions explicites pour protéger l'environnement et assurer la justice climatique et environnementale.

    Le changement climatique affecte de manière disproportionnée les communautés vulnérables des pays en développement, exacerbant les inégalités et menaçant les droits de l'homme fondamentaux tels que l'accès à la nourriture, à l'eau et au logement. La dégradation de l'environnement aggrave les difficultés rencontrées par ceux qui en sont le moins responsables et qui manquent souvent de ressources pour s'adapter aux catastrophes liées au climat, creusant ainsi le fossé entre les privilégiés et les marginalisés. L'altération incontrôlée des écosystèmes est une crise morale qui menace le bien-être des générations actuelles et futures, ainsi que la survie d'innombrables espèces. Face aux profonds dilemmes moraux posés par le changement climatique et la dégradation de l'environnement, les droits de l'homme apparaissent comme un cadre juridique essentiel pour faire face à ses conséquences profondes et pour défendre la dignité et l'égalité de tous les êtres humains. Le défi pour la CPI sera d'aborder efficacement cette question morale et de lutter contre les violations des droits de l'homme et des générations futures.

    L'écocide, tel qu'il est défini par le groupe d'experts indépendants pour la définition juridique de l'écocide, "désigne des actes illicites ou arbitraires commis en connaissance de la réelle probabilité que ces actes causent à l’environnement des dommages graves qui soient étendus ou durables".

    Il est essentiel de reconnaître que la dégradation grave de l'environnement constitue une menace directe pour la paix, la sécurité et le bien-être de l'humanité. Si cette préoccupation est mentionnée dans le statut de Rome, elle doit être mise en œuvre et vécue. La trajectoire actuelle de la dégradation de l'environnement nécessite des mécanismes juridiques immédiats et solides pour dissuader, prévenir et sanctionner les pires contrevenants.

    Nous demandons l'inclusion de l'écocide en tant que 5ème crime international.

    La convergence commune des quatre crimes internationaux actuels mentionnés dans le Statut de Rome est que ces crimes internationaux visent à protéger certains groupes de population, groupes ethniques et/ou civils innocents. Cependant, l'écocide, c'est-à-dire la destruction de l'écologie et de notre environnement, ne menace pas seulement certaines parties de la population, mais constitue une menace sérieuse pour l'ensemble de la Terre nourricière et de ses habitants. Cette préoccupation revêt donc une importance existentielle pour la Terre et l'avenir de la vie sur la planète.

    La dégradation progressive de l'environnement semble lente, mais son impact constant entraînera la destruction de la population mondiale et mettra en péril l'existence de tous les êtres humains, qu'il s'agisse des générations actuelles ou futures. La protection de l'environnement est donc cruciale et imminente. Cela pourrait être possible si l'écocide devenait le cinquième crime international prévu par le Statut de Rome. En outre, il s'agirait d'un lien entre les crimes déjà existants dans le Statut de Rome.

    Nous demandons donc instamment au Bureau du Procureur de saisir cette occasion pour recommander à l'Assemblée des États parties d'inclure l'écocide comme cinquième crime international dans le Statut de Rome. Cet ajout fournirait le cadre juridique nécessaire pour demander des comptes à ceux qui sont responsables des actes les plus graves de destruction de l'environnement, quel que soit le contexte dans lequel ils se produisent.

    Questions politiques clés

    1. Dissuasion et prévention : L'inclusion de l'écocide en tant que crime international aurait un effet dissuasif puissant sur l'exploitation irréfléchie des ressources naturelles et la dégradation de l'environnement. En établissant des limites juridiques claires, nous pouvons atténuer les effets dévastateurs de la destruction écologique sur les générations actuelles et futures.

    2. Garanties juridiques et morales fondamentales : Reconnaître l'écocide comme un crime contre l'humanité et la planète n'est pas seulement un impératif juridique, mais aussi une obligation morale. Elle jette les bases d'un engagement mondial à protéger notre maison commune et à assurer le bien-être de tous les êtres vivants.

    Le dernier rapport du PNUE sur l'État de droit en matière d'environnement souligne que le recours au droit pénal pour résoudre les problèmes environnementaux est en augmentation dans le monde entier. Il existe un lien étroit entre la criminalité environnementale et l'État de droit, qui est également reconnu dans la déclaration de Kyoto sur la promotion de la prévention du crime, de la justice pénale et de l'État de droit, adoptée en 2021. Ces dernières années, des pays du monde entier ont révisé et adopté une législation plus stricte et augmenté les sanctions pénales pour les crimes contre l'environnement. Le rapport reconnaît également l'essor du mouvement "Stop Ecocide" et le mouvement en faveur de la reconnaissance de la législation sur les écocides aux niveaux national et international. Un nombre croissant de pays reconnaissent l'écocide dans leur législation pénale et un mouvement de jeunes en pleine expansion, avec des organisations partenaires du monde entier, appelle à la criminalisation de la destruction massive de l'environnement et, avec elle, de l'avenir de la Terre.

    En conclusion, nous demandons instamment au Bureau du Procureur de reconnaître le besoin urgent d'une protection juridique élargie contre les crimes environnementaux dans son prochain document d'orientation. En recommandant l'inclusion de l'écocide comme cinquième crime international, le Procureur pourrait faire un pas important vers la sauvegarde de l'avenir de notre planète et garantir la justice pour les générations présentes et futures.